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Turbulences extrêmes pour une durée incertaine

Dans sa synthèse trimestrielle, l'Isag, l’association des stratégistes d’une vingtaine d’établissements de Suisse romande, recommande un certain attentisme.

«Plus éloignée des effets du conflit russo-ukrainien, la Fed continue d’attirer tous les regards et les actifs obligataires, sans risque de crédit, attisent l’intérêt des investisseurs.»
KEYSTONE
«Plus éloignée des effets du conflit russo-ukrainien, la Fed continue d’attirer tous les regards et les actifs obligataires, sans risque de crédit, attisent l’intérêt des investisseurs.»

Les stratégistes de l’Isag se sont réunis en septembre dernier à la veille des réunions des banquiers centraux américain et suisse. Même si les resserrements des taux étaient pour la plupart attendus, le désordre continue de régner dans la dynamique mondiale, notamment de par la confusion entourant les intentions du dirigeant russe, le Président Poutine. En témoigne la fracture régionale qui s’accentue entre l’Occident et l’Orient. Et les crises continuent de creuser les fossés entre les gagnants et les perdants; un contexte peu propice à une prise de risque tant que la liste des incertitudes s’allonge et pèse sur le sentiment des investisseurs.

Les stratégistes ont-ils pour autant tous tranché vers un scénario de récession où les actifs financiers risqués doivent être évités? Les portefeuilles, en moyenne, continuent de privilégier le rendement des actions avec un poids moyen de 43% accordé dans un profil de gestion équilibrée. La solidité financière des entreprises et la résilience de leur activité soulignent la nécessité de les préserver. Le cycle des investissements des pays occidentaux et celui de la consommation n’ont pas été interrompus mais désignent un ralentissement marqué, certes depuis des niveaux extrêmement élevés.

Turbulences extrêmes pour une durée incertaine

Les révisions de prévisions depuis juin dernier sont importantes et inscrivent la croissance moyenne du PIB sous la barre des 2% en 2022 alors que quelques mois plus tôt, les 3% étaient encore envisagés. La fragilité s’installe et un nouvel accident peut peser sur la profitabilité des entreprises qui sont prudentes à ce stade sans grande visibilité.

A l’inverse, un certain apaisement géopolitique et ses effets sur l’inflation enlèveraient la principale contrainte qui pèse sur les marchés financiers. Les stratégistes peuvent néanmoins difficilement se distancier de ce sentiment très anxiogène qui persiste et ce malgré les efforts des banques centrales de rassurer les investisseurs par leur combat contre l’inflation. Même si les anticipations de moyen terme sont en effet ancrées autour des objectifs de politique monétaire, il faudra probablement attendre le tassement marqué de l’inflation avant de pouvoir relâcher la pression sur les banquiers centraux.

Les Etats-Unis attirent les investisseurs cherchant un refuge pour leurs actifs

Isag

Plus éloignée des effets du conflit russo-ukrainien, la Fed continue d’attirer tous les regards et les actifs obligataires, sans risque de crédit, attisent l’intérêt des investisseurs. A en croire l’appréciation galopante du dollar, les Etats-Unis attirent les investisseurs cherchant un refuge pour leurs actifs. Or, même si le risque de récession y est également présent, le risque de crédit est maîtrisé et la détention d’obligations d’entreprises doit être considérée puisqu’elle offre à nouveau des rendements intéressants.

Dans ce marché où le sentiment extrême domine, difficile voire impossible de trouver des gagnants, au risque de concentrer ses avoirs sur un secteur peu aimé ces dernières années: celui de l’énergie fossile. Et, orienter ses avoirs en fonction de facteur à dominance géopolitique, en négligeant la réalité des entreprises et le soutien des gouvernements dans les investissements de transition de long terme, ou de maintien du pouvoir d’achat par un marché de l’emploi encore bien achalandé, c’est oublier la principale source de rendement boursier qu’est la profitabilité des entreprises; elle marque le pas mais après de sommets atteints, et sans crier «faillite».

L’adaptation des prix des actifs financiers est plutôt un ajustement au nouvel environnement des taux. Probablement bien avancé, il devrait permettre aux investisseurs de reprendre leur souffle et de réévaluer les orientations à prendre, pour autant que le dollar se stabilise, comme le prévoient les stratégistes. Retenons que tant que la volatilité ambiante alimentée par les incertitudes et grande conseillère du sentiment extrême est omniprésente, mieux vaut opter pour un certain attentisme.