Dans un environnement résolument favorable aux actions, les emprunts du Trésor US présentent des rendements en légère augmentation. Les ventes au détail ont encore une fois surpassé les attentes en affichant une progression mensuelle de 0,4% en septembre. Bien que le tableau macroéconomique comporte quelques zones d’ombre, telles que la morosité de l’activité manufacturière et de la construction résidentielle, l’économie américaine continue à défier les pronostics de ralentissement. L’indicateur «GDPNow» de la Réserve fédérale (Fed) d’Atlanta fait état d’une expansion de 3,4% au troisième trimestre, encore plus dynamique que la croissance de 3% observée le trimestre précédent.
La vigueur de l’économie américaine est difficile à réconcilier avec la baisse de taux d’intérêt généreuse opérée en septembre par la Fed. A posteriori, le revirement précipité est perçu comme un excès de zèle susceptible de déboucher sur une deuxième vague d’inflation, soit un «remake» des lointaines années 1970. Le rebond de l’inflation n’est toutefois pas inéluctable. L’émergence de nouvelles tensions devrait conduire le président de l’institut Jerome Powell et ses collègues du comité de politique monétaire (FOMC) à réviser la trajectoire des taux d’intérêt. Evasifs, les banquiers centraux n’ont pas encore émis de signaux remettant en question la trajectoire ébauchée dans les projections dévoilées en septembre, mais le gouverneur Christopher Waller n’écarte pas la possibilité d’une pause si les données à venir devaient mettre en lumière un regain de tensions.
A deux semaines des élections, l’accentuation de la pente de la courbe des rendements semble partiellement imputable au redressement de Donald Trump dans les sondages. Aucun des deux camps ne peut se prévaloir de proposer une politique budgétaire équilibrée ou responsable, mais une «vague rouge» impliquant une victoire républicaine à la présidence et aux deux Chambres du Congrès pourrait avoir des conséquences pénibles pour les investisseurs en obligations. A contrario, une victoire de Kamala Harris et des pouvoirs législatifs partagés feraient figure de «moindre mal».
En Europe, la Banque centrale (BCE) a réduit son taux d’intérêt directeur appliqué aux dépôts de 3,5% à 3,25%. Cette baisse, qui succède à un geste similaire en septembre, est justifiée par une décrue tangible de l’inflation et les mauvaises surprises qui entachent la plupart des indicateurs d’activité récents. Le communiqué et les déclarations de la présidente de la BCE Christine Lagarde réaffirment la volonté de calibrer la politique monétaire réunion après réunion, en fonction de toutes les données qui lui parviennent. Dans cette logique, une baisse accrue des taux d’intérêt en décembre est probable, mais pas encore certaine.
En dehors de la zone euro, les rendements des emprunts en livres sterling ont fléchi à la faveur d’un reflux probant de l’inflation à 1,7% en glissement annuel en septembre. Plus rapide qu’espérée, la désinflation devrait inciter la Banque d’Angleterre à réduire une nouvelle fois son taux d’intérêt directeur début novembre, voire en décembre.
Les rendements des emprunts en francs suisses sont également orientés à la baisse dans la perspective d’une quatrième réduction consécutive du taux d’intérêt directeur en décembre.