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Sous le signe de la rigueur monétaire

Les banques centrales occidentales poursuivent un combat acharné et périlleux contre l’inflation.

Le message austère transmis par Jerome Powell et les projections de la Fed n’ont pas eu un fort impact sur la structure des taux d’intérêt en dollars.
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Le message austère transmis par Jerome Powell et les projections de la Fed n’ont pas eu un fort impact sur la structure des taux d’intérêt en dollars.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
20 décembre 2022, 20h25
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La Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque centrale européenne (BCE), la Banque d’Angleterre (BoE) et la Banque nationale suisse (BNS) ont offert un beau feu d’artifice aux investisseurs en relevant chacune leurs taux d’intérêt directeurs d’un demi-point de pourcentage la semaine passée. Bien que largement escomptées, ces annonces ont provoqué quelques turbulences sur les marchés financiers.

Aux Etats-Unis, le relèvement du taux d’intérêt des Fed Funds de 0,5 point, vers une marge comprise entre 4,25% et 4,5%, n’a surpris personne en raison des innombrables signaux émis depuis plusieurs semaines. Le principal enjeu de la réunion résidait dans les termes du communiqué officiel, les déclarations du Chairman et les projections dévoilées à l’issue de la réunion. Une écrasante majorité des membres du FOMC prévoient de relever le taux d’intérêt directeur au-dessus de 5% en 2023. Seuls deux des dix-neuf membres prédisent un niveau de 4,9% alors que la médiane s’établit à 5,1% (soit une marge entre 5% et 5,25%). Sept membres du comité prévoient même un taux d’intérêt plus élevé, à 5,4% ou 5,6%. Si l’on se fie à ces projections, le fameux «pivot» devrait se matérialiser en 2024 pour nous conduire vers des taux d’intérêt monétaires proches de 4% en fin d’année, puis à 3% à fin 2025. La grande dispersion des prévisions pour 2024 et 2025 traduit toutefois une grande incertitude et des divergences de vues au sein du FOMC.

Le message austère transmis par le président de la Fed Jerome Powell et les projections résumées ci-dessus n’ont pas eu un fort impact sur la structure des taux d’intérêt en dollars. Le rendement du T-Note à 10 ans est stationnaire aux environs de 3,5%, tandis que celui du T-Note à 2 ans a reflué à proximité de 4,2%. Les investisseurs en obligations continuent donc à douter de la détermination des banquiers centraux et à espérer un revirement amical de la Fed avant la fin de l’année prochaine. La sérénité du marché obligataire n’a toutefois pas suffi à contenter Wall Street où les actions affichent un repli significatif.

Sous le signe de la rigueur monétaire

En Europe, la BCE a réduit le rythme du cycle de resserrement en relevant ses taux d’intérêt directeurs de 0,5 point de pourcentage, mais a aussi clairement signalé sa volonté de procéder à une augmentation de même ampleur le 2 février et de maintenir un cap restrictif par la suite. La mise en œuvre d’un «resserrement quantitatif», par le biais d’une réduction du portefeuille d’actifs accumulés par le biais de l’APP, dès début mars, a surpris et attisé les tensions sur le marché des capitaux. En outre, les dernières prévisions dévoilées par la BCE sont incompatibles avec un revirement. Bien que le pic d’inflation ait probablement été franchi en 2022, la BCE prévoit un dérapage persistant du renchérissement «sous-jacent» qui pourrait conduire la banque centrale à relever les taux d’intérêt monétaires au-delà de 3%. Les signaux austères émis par la présidente Christine Lagarde ont provoqué un redressement marqué de la structure des taux d’intérêt en euros qui a conduit le rendement du Bund allemand à 10 ans aux environs de 2,2% et celui du BTP italien tout près de 4,4%.

Hors zone euro, la Banque d’Angleterre a relevé son taux d’intérêt directeur de 3% à 3,5%. La décision de la BoE n’a toutefois pas été prise à l’unanimité, car deux membres du comité se sont prononcés en faveur du statu quo même si l’inflation culmine à 10,7%. En Suisse, la BNS s’est conformée à la mode actuelle en relevant ses taux directeurs de 0,5 point (à 1% pour le taux de dépôt). Comme en septembre, le communiqué évoque la possibilité d’un nouveau tour de vis. Le biais vers la rigueur est toutefois moins prononcé que celui exprimé par la BCE et vise essentiellement à préserver la stabilité du franc menacée par la politique austère conduite à Francfort.