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Retour des investisseurs sur les marchés obligataires

L’environnement actuel offre un premier point d’entrée sur les marchés obligataires, mais la prudence est de mise.

Catherine Reichlin
Banque Mirabaud - Analyste obligataire senior
28 avril 2022, 22h53
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«Il faut faire attention à ce que l’on désire, car on pourrait l’obtenir». Ce proverbe peut s’appliquer à l’inflation et à son fracassant retour. Durant des années, les marchés s’interrogeaient, et s’inquiétaient, de son absence. Une décennie de politique monétaire non-conventionnelle et de taux négatifs auraient dû faire grimper les prix mais cela n’a pas été le cas, jusqu’à peu. La sortie de pandémie et la guerre en Ukraine ont réanimé l’inflation que l’on a cru disparue à jamais. Un retour mesuré aurait pu être une bonne nouvelle mais là, elle arrive trop vite, trop fort, provoquant un nouveau casse-tête pour les banques centrales. Si la Réserve Fédérale américaine a débuté son cycle de resserrement monétaire, la situation est moins claire de ce côté de l’Atlantique. Une chose semble intégrée par le marché cependant: le retour du taux de référence en territoire positif encore cette année, une première depuis près de 10 ans!

Une première depuis janvier 2019

L’effet de ces resserrements monétaires, avérés ou anticipés, ont des conséquences notables sur les marchés obligataires qui ont entamé leur pire début d’année. Au-delà des performances, il est intéressant d’observer ce phénomène à travers l’évolution du stock de dette à rendement négatif. Alors qu’il atteignait 1,5 trillion de dollars l’été dernier pour les obligations de société, il est tombé à... 0 le 25 avril! Le rendement à l’échéance de l’indice Bloomberg des emprunts de sociétés est même repassé au-dessus des 4%, une première depuis janvier 2019, si l’on exclut le pic de mars 2020. 

De quoi offrir les premiers points d’entrée pour revenir sur les marchés obligataires tout en gardant quelques conseils de prudence à l’esprit. Le premier est de profiter de cette remontée pour améliorer la qualité des obligations détenues car en période de repli conjoncturel les sociétés les moins solides financièrement souffrent davantage et voient leurs primes de risque s’écarter. Se souvenir également que plus la durée de vie d’une obligation est courte, moins elle est sensible aux variations des rendements obligataires. L’impact de ce dernier point est double: il s’agit de veiller à ne pas acheter des échéances trop longues mais également à privilégier les obligations dont le coupon est supérieur car, à maturité égale leur duration est plus courte et donc, plus défensive.

Une année compliquée

Si la BCE n’a pas encore commencé à relever ses taux, les rendements obligataires intègrent déjà ces mouvements. Le rendement du 10 ans allemand a grimpé de -0,18% à +0,80% cette année, tandis que celui du 2 ans est passé de -0,62% à +0,10%. 

Si ces chiffres peuvent sembler proches, voire négligeables, l’impact sur la performance est sans appel: le prix des obligations de maturité 2 ans a baissé de -1,2% cette année contre... -8,5% pour une maturité 10 ans, une illustration parfaite de l’effet duration. L’année sera compliquée et va nécessiter qu’autant les banques centrales que les investisseurs jouent serrés entre le marteau d’une inflation qui grimpe et l’enclume d’une croissance qui ralentit.