• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Répit aux Etats-Unis, rally durable en Europe

Les rendements obligataires ont poursuivi leur reflux. La baisse est mieux étayée en Europe qu’aux Etats-Unis.

A quinze jours de la prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Fed, les anticipations des investisseurs sont réalistes. Une nouvelle baisse du taux des Fed funds de 0,25 point de pourcentage est jugée probable, mais les «futures» et taux monétaires préfigurent une pause au premier trimestre 2025 et une baisse limitée par la suite, ce qui devrait réveiller les tensions entre Donald Trump et Jerome Powell, le patron de la Fed.
KEYSTONE
A quinze jours de la prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Fed, les anticipations des investisseurs sont réalistes. Une nouvelle baisse du taux des Fed funds de 0,25 point de pourcentage est jugée probable, mais les «futures» et taux monétaires préfigurent une pause au premier trimestre 2025 et une baisse limitée par la suite, ce qui devrait réveiller les tensions entre Donald Trump et Jerome Powell, le patron de la Fed.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
03 décembre 2024, 18h45
Partager

Les gazouillis intempestifs du président élu Donald Trump n’ont pas remis en question la décrue des rendements en dollars américains favorisée par la nomination de Scott Bessent au poste de secrétaire du Trésor. Les annonces du républicain faisant planer la menace de lourdes taxes douanières frappant le Canada, le Mexique et la Chine, jugés complices de l’immigration illégale et des ravages du fentanyl aux Etats-Unis, sont perçues comme un levier de négociation, voire du «bruit» sans pertinence. Dans le même registre, l’avertissement lunaire adressé à la coalition hétérogène des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), perçue comme une menace croissante par le statut du sacro-saint dollar, paraît complètement irréaliste et contre-productif à l’égard de pays comme l’Inde et le Brésil qui ne constituent pas de farouches adversaires des Etats-Unis.

La courbe des rendements en dollars a donc poursuivi son repli pour s’établir aux environs de 4,2%, tant pour le T-Note à 2 ans que pour l’emprunt de référence à 10 ans. Le mois de novembre se solde ainsi par une performance de l’indice englobant les emprunts du Trésor de 0,8% qui efface une partie des pertes de 2,4% endurées en octobre. Le tableau est encore plus souriant pour les emprunts d’entreprises américaines qui affichent un gain de 1,3% après avoir cédé 2,4% le mois précédent. Le segment spéculatif des obligations à «haut rendement» affiche quant à lui une performance de 1,2% favorisée par une baisse marquée des «spreads» de crédit qui ont atteint des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis 2007.

Répit aux Etats-Unis, rally durable en Europe

Dans l’attente du rapport de l’emploi qui sera publié vendredi et des chiffres d’inflation qui seront dévoilés la semaine prochaine, l’actualité récente présente un intérêt limité, à l’exception de l’indice ISM consacré au secteur manufacturier qui fait état d’une reprise de la marche des affaires (PMI à 48,4 en novembre après 46,5 en octobre). Le procès-verbal de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) met encore une fois l’accent sur les données et développements économiques, sans le moindre égard pour la transition politique.

A quinze jours de la prochaine réunion du FOMC, les anticipations des investisseurs sont réalistes. Une nouvelle baisse du taux des Fed funds de 0,25 point de pourcentage est jugée probable (65% contre 35% pour le statu quo), mais les «futures» et taux monétaires préfigurent une pause au premier trimestre 2025 et une baisse limitée par la suite, ce qui devrait réveiller les tensions entre Donald Trump et Jerome Powell, le patron de la Réserve fédérale.

En Europe, les rendements en euros ont poursuivi un repli alimenté par de multiples symptômes de faiblesse de l’activité et un reflux des tensions inflationnistes confirmé par les chiffres publiés vendredi passé. Bien qu’un effet de base ait provoqué une accélération de l’inflation annuelle à 2,3%, le déclin de l’inflation hors énergie et alimentation et des services devrait inciter la Banque centrale européenne (BCE) à se montrer plus généreuse.

Le rendement du Bund allemand à 10 ans est tombé à proximité de 2,05% tandis que celui de l’OAT français s’établit aux environs de 2,85%. La prime de risque infligée à la France est désormais supérieure à celle de l’Espagne et de la Grèce, mais reste proche des niveaux observés en juin, après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Malgré le climat d’incertitude politique et le dérapage du déficit public à hauteur de 6% du PIB, l’agence S&P Global a réaffirmé vendredi la note de AA- attribuée à la France. Le reflux marqué des rendements en euros s’est traduit par une performance mensuelle de près de 2% pour l’indice agrégé englobant tous les emprunts en euros de catégorie «investment grade».

Hors zone euro, les rendements en livres sterling et en francs suisses ont aussi baissé pour s’établir à proximité de 4,25% pour le Gilt britannique à 10 ans et 0,2% pour les emprunts helvétiques qui intègrent la perspective peu enthousiasmante de taux d’intérêt monétaires abaissés à 0% pour endiguer le renforcement du franc face à l’euro et les pressions déflationnistes.