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Jerome Powell prêche l’austérité prudente

Les banquiers centraux sont prêts à sacrifier plus de croissance pour rétablir la stabilité des prix.

Jerome Powell avec Philip Jefferson, à Jackson Hole, le 25 août.
KEYSTONE
Jerome Powell avec Philip Jefferson, à Jackson Hole, le 25 août.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
30 août 2023, 7h00
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Jackson Hole et Nvidia ont focalisé l’attention au cours de la semaine écoulée. La grand-messe des banquiers centraux et les résultats du concepteur de processeurs graphiques (GPU) nous ont été présentés comme deux événements majeurs susceptibles d’agiter les marchés financiers.

A posteriori, on constate que les investisseurs ont réservé un accueil placide, proche de l’indifférence, aux déclarations de Jerome Powell et aux annonces de Nvidia. Sans surprise, Jerome Powell a tenu un discours qui laisse entrevoir la possibilité d’un relèvement accru des taux d’intérêt tout en soulignant la nécessité de faire preuve de retenue en raison des «lags» (effets retardés) qui caractérisent la politique monétaire.

Le message prudent transmis au symposium de Jackson Hole est compatible avec une pause en septembre, suivie d’un ultime relèvement conduisant le taux d’intérêt directeur vers une fourchette comprise entre 5,5% et 5,75% durant le quatrième trimestre. Evoquée par certains, la piste d’un relèvement de l’objectif d’inflation aujourd’hui centré sur 2% a été explicitement rejetée.

Un changement opportuniste des règles du jeu aurait eu des effets importants sur la courbe des rendements en dollars, mais le banquier central a souligné sa volonté de maintenir un cap restrictif aussi longtemps que l’inflation continuera à évoluer au-dessus d’une cible inchangée. Bien que prévisible, le ton austère du discours de Jerome Powell a poussé le rendement du T-Note à 2 ans au-dessus de 5% tout en exerçant une légère pression sur le rendement du T-Note à 10 ans, qui a reflué aux environs de 4,2%.

Jerome Powell prêche l’austérité prudente

En guise d’apéritif, les PMIs dévoilés par S&P Global traduisent un tassement de l’activité en août (indice composite en repli: 50,4, contre 52 en juillet). Les indicateurs attendus en fin de semaine (rapport de l’emploi et indice ISM consacré au secteur manufacturier) devraient retenir l’attention des banquiers centraux et des investisseurs.

Les résultats flamboyants de Nvidia n’ont pas eu l’effet escompté par certains thuriféraires de la tech américaine et de l’intelligence artificielle, bien qu’ils aient dépassé les attentes des analystes.

Des chiffres forts pourraient faire pencher la balance vers un relèvement accru qui est encore loin de faire l’unanimité. A contrario, des chiffres faibles conforteraient les investisseurs dans leur scepticisme à l’égard des avertissements émis par la Réserve fédérale (Fed). Hissés au rang d’indicateur de première importance, les résultats flamboyants de Nvidia n’ont pas eu l’effet escompté par certains thuriféraires de la tech américaine et de l’intelligence artificielle, bien qu’ils aient dépassé les attentes des analystes sondés par Bloomberg et consorts.

En Europe, des développements conjoncturels inquiétants ont provoqué un déclin de l’ensemble de la courbe des rendements en euros. Le rendement du Bund allemand à 10 ans a même reflué en dessous de 2,5% avant de repartir à la hausse pour s’établir aux environs de 2,6%. L’érosion des PMIs et la dégradation du climat des affaires en Allemagne, mise en évidence par l’indice IFO, devraient inciter la Banque centrale européenne à s’accorder une pause en septembre en attendant de mieux cerner l’évolution de l’inflation, qui reste problématique malgré la décrue favorisée par la baisse des prix de l’énergie.

A l’instar de Jerome Powell, Christine Lagarde a mis l’accent sur le rétablissement de la stabilité des prix, qui n’est pas encore acquise malgré les effets bénéfiques du repli des prix de l’énergie. De part et d’autre de l’Atlantique, les prix des services affichent encore une progression soutenue et incompatible avec les objectifs d’inflation des banques centrales.