Les anticipations actuelles d’aplatissement des courbes de taux sont pour l’heure prématurées, car pour l’instant on assiste plutôt à une pentification de celles-ci. Les taux longs sont en effet déjà en tendance haussière et défient leurs précédents sommets alors que les prochaines hausses de taux directeurs ne sont de loin pas encore effectives aux Etats-Unis. Nous estimons que 2022 pourrait en fait voir les taux longs monter sensiblement plus rapidement que les taux directeurs. Ainsi, nous envisageons une hausse des taux à dix ans du Trésor US pouvant atteindre 2,5%, soit environ 133 points de base plus haut que le taux plancher du 3 août 2021 (1,17%).
Dans le même temps, les deux à trois hausses de 0,25% des taux directeurs seront insuffisantes (0,75%) pour changer la pente de la courbe. Aux Etats-Unis, les taux à 5 ans du Trésor ont pratiquement triplé en 2021, passant de 0,35% en début d’année à 1,26% à la fin décembre. Pendant la même période, les rendements à 10 ans progressaient de 0,91% à 1,51%. Globalement, la phase d’ajustement des rendements s’est aussi concrétisée dans de nombreux autres marchés de capitaux.
Si la plupart des banques centrales retiendront encore la hausse de leurs taux directeurs pendant un temps, nous estimons que les taux longs ne résisteront pas à une normalisation rapide des rendements exigés sur les marchés de capitaux toujours très corrélés en 2022. Le resserrement monétaire se matérialisera dès lors bien plus par une hausse globale des courbes de taux que par la perspective de remontée graduelle des taux directeurs.