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«Plus haut, plus longtemps», la suite

L’actualité récente devrait conforter le comité de politique monétaire de la Fed dans une posture attentiste qui n’est pas sans dangers.

La progression des prix observée entre décembre et février s’établit nettement au-dessus de l’objectif visé par la Fed et vient étayer la thèse d’un «dernier kilomètre» difficile à franchir.
KEYSTONE
La progression des prix observée entre décembre et février s’établit nettement au-dessus de l’objectif visé par la Fed et vient étayer la thèse d’un «dernier kilomètre» difficile à franchir.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
19 mars 2024, 19h30
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Décevants, les chiffres d’inflation publiés la semaine passée aux Etats-Unis ont refroidi l’optimisme des investisseurs et provoqué un redressement marqué de la structure des taux d’intérêt en dollars. Le rendement du T-Note à 10 ans a rebondi aux environs de 4,3%, effaçant le déclin observé une semaine auparavant. Comme en janvier, les prix à la consommation ont augmenté un peu plus vite que prévu en février, soit 0,4% par rapport au mois précédent et 3,2% en glissement annuel. Hors énergie et alimentation, le renchérissement sous-jacent s’établit à 0,4% sur un mois et 3,8% sur douze mois.

La progression des prix observée entre décembre et février s’établit nettement au-dessus de l’objectif visé par la Réserve fédérale (Fed) et vient étayer la thèse d’un «dernier kilomètre» difficile à franchir. En amont des prix à la consommation, les prix à la production affichent aussi une progression soutenue en février (0,6% mensuel, 1,6% en glissement annuel; respectivement 0,3% et 2,0% hors énergie et alimentation). L’inertie de l’inflation valide la patience professée par le président de la banque centrale Jerome Powell et ses collègues du comité de politique monétaire (FOMC) qui tiennent cette semaine une réunion importante. Si le maintien du taux d’intérêt directeur au niveau actuel ne fait aucun doute, les termes du communiqué, la mise à jour des projections économique et les déclarations de Jerome Powell sont susceptibles de faire quelques vagues sur le marché obligataire et à Wall Street.

Le doute est permis

Les investisseurs et négociants n’ont toutefois pas attendu le FOMC pour réévaluer la trajectoire des taux d’intérêt. Les «futures» du CME se sont réalignés sur la prévision médiane dévoilée en décembre, quand le FOMC tablait sur un taux directeur abaissé à 4,6% à fin 2024. Cette projection est-elle encore d’actualité au regard du récent dérapage de l’inflation? Le doute est permis, mais les banquiers centraux devraient continuer à signaler des perspectives d’assouplissement monétaire à moyen terme. Au pire, les «faucons» pourraient faire pencher la balance vers une baisse du taux directeur à 4,9% en fin d’année.

Les indicateurs conjoncturels publiés la semaine passée sont mitigés, mais pas particulièrement inquiétants. Le rebond de 0,6% des ventes au détail observé en février est relativisé par le déclin de 1,1% du mois précédent. L’érosion de l’indice de confiance des consommateurs de l’Université de Michigan (76,5 en mars après 76,9 en février) est peu significative, mais confirme la dégradation observée en février. Les variations erratiques de la production manufacturière masquent une tendance latérale, proche de la stagnation.

«Plus haut, plus longtemps», la suite

Les marchés européens n’ont pas échappé à l’influence des Etats-Unis. Les rendements en euros sont repartis à la hausse. Celui du Bund allemand à 10 ans s’est redressé aux environs de 2,45%, un niveau déjà observé à fin février. Les Gilts britanniques affichent aussi des rendements en hausse dans l’attente de la décision de la Banque d’Angleterre. Le statu quo est presque certain, mais le communiqué pourrait laisser entrevoir un changement de cap durant l’été. En Suisse, la Banque nationale (BNS) s’apprête à livrer son «examen» trimestriel de la situation économique et monétaire. Le statu quo a les faveurs de la cote et semble justifié par le déclin du franc suisse observé depuis le début de l’année. La mise à jour des prévisions d’inflation devrait laisser entrevoir une baisse des taux d’intérêt en juin, en phase avec les autres banques centrales occidentales.