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Pas de récession imminente

Les investisseurs devraient se préparer à une hausse des taux en diversifiant leur allocation d'actifs.

Daniel Kalt / James Mazeau
UBS Global Wealth Management - Chef économiste suisse / Chief Investment Office (CIO)
12 avril 2022, 22h30
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La semaine dernière, les craintes de récession se sont intensifiées après une brève inversion de la courbe de taux des bons du Trésor à deux et à dix ans. Cependant, la probabilité à court terme d’une récession aux Etats-Unis est faible et son économie peut endurer un resserrement de la politique monétaire. Mais les investisseurs devraient se préparer à une hausse des taux. Explications.

Tout d’abord, le marché du travail très tendu aux Etats-Unis provoque une inflation salariale inégalée depuis des décennies. L’objectif du durcissement de la politique monétaire est de réduire la pression qui pèse sur le marché du travail, et non pas d’accroître le taux de chômage. L’économie américaine est solide et la Réserve fédérale américaine (Fed) affirme qu’elle peut endurer un resserrement, c’est-à-dire un ralentissement de la croissance qui ne mène pas à une récession.

Inversion ne veut pas dire récession

Ensuite, l’énorme portefeuille de bons du Trésor détenu par la Fed a déprimé les rendements à long terme. Une hausse des taux à court terme n’a donc qu’un faible impact sur l’extrémité longue de la courbe.

Enfin, même si une récession intervient après une inversion de la courbe des taux à deux et à dix ans, cela ne sera pas immédiat. Historiquement, une récession commence 9 à 34 mois après une inversion, avec un décalage de 21 mois en moyenne.

Bonne performance des actions

Du point de vue d’un investisseur en actions, une inversion n’est pas toujours un signal de vente. Depuis 1976, le S&P 500 a rapporté en moyenne 2% lors des trois mois qui suivent une inversion de la courbe des rendements dans sa section deux à dix ans, 5% lors des six mois suivants, 14% dans les douze mois ultérieurs et 22% au bout de 24 mois.

On a observé ce phénomène pour la dernière fois en août 2019, quand les actions ont enregistré de bonnes performances, malgré une inversion temporaire. Les marchés ont alors continué de progresser et aucune récession ne s’est matérialisée jusqu’à ce que l’économie américaine ne se heurte à la pandémie du Covid-19.

Les titres à privilégier

Face à une hausse des taux à court terme, les investisseurs seraient avisés d’orienter leurs allocations vers les actions value («valeurs de substance»), qui ont tendance à surperformer dans de tels cas. Les investisseurs obligataires devraient rechercher des titres à rendement plus élevé ou à taux variable.

Ils peuvent aussi envisager le crédit privé et renforcer leur exposition aux devises soutenues par le durcissement de la politique monétaire. Il est également conseillé de diversifier l’allocation d’actifs stratégique dans les produits alternatifs, tels que les hedge funds, l’immobilier direct ou les marchés privés.