Faut-il détenir de l’or alors que son cours s’est apprécié de 35% en 2024 frôlant les 2700 dollars l’once? La réponse est oui. La situation géopolitique mondiale actuelle s’inscrit comme la plus explosive depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les risques de contagion du conflit au Proche-Orient, l’enlisement de la guerre en Ukraine, l’escalade des provocations de la Corée du Nord et les tensions territoriales croissantes entre la Chine et ses voisins font redouter le pire. Le coude à coude Trump – Harris dans la course à la présidence américaine ajoute à l’incertitude. L’or revient ainsi sur le devant de la scène comme une solide valeur refuge, une assurance contre une situation hors de contrôle alors qu’un apaisement général semble peu probable.
La dédollarisation en marche apparaît comme un autre argument en faveur de l’investissement dans l’or à plus long terme. Au 15e sommet des Brics en Afrique du Sud en août 2023, le combat contre l’hégémonie du dollar s’invitait comme un thème majeur. Depuis, certaines banques centrales remplacent progressivement leurs réserves en dette américaine par de l’or. La Banque de Chine est en première ligne, avec 254 tonnes achetées depuis début 2023, suivie de la Banque de Réserve de l’Inde avec 66 tonnes sur la même période. Au sein de l’UE, la Pologne a également accru son stock avec 163 tonnes sur le même horizon temps. Aux instituts d’émission s’ajoutent les investisseurs inquiets de l’évolution des finances publiques des nations du G7. Si cette tendance décline à court terme en raison du ralentissement économique chinois, elle continuera, sans doute, à soutenir le prix de l’or dans la durée.
Dès lors, peut-on espérer un meilleur point d’entrée pour les investisseurs qui ne détiennent pas encore de métal jaune?
Certains facteurs qui ont contribué à la forte progression du prix de l’or depuis décembre 2023 tendent à s’essouffler et pourraient permettre une correction d’environ 7,5% autour de 2475 dollars l’once. Détenir de l’or plutôt qu’une devise représente un coût d’opportunité pour l’investisseur qui ne touche pas d’intérêt sur ses avoirs en métal. Plus le loyer de l’argent est élevé, plus se creuse le manque à gagner. Dans le sillage de la Banque centrale européenne, de la Banque nationale suisse et de la Banque d’Angleterre, la Réserve Fédérale américaine a débuté un cycle de baisse des taux en septembre. Ce contexte apporte un soutien au prix de l’or. Les marchés ont toutefois tendance à s’ajuster plutôt sur les anticipations et celles-ci escomptent déjà d’importantes nouvelles baisses de taux. L’assouplissement monétaire semble donc bien intégré dans le niveau actuel du prix de l’or.
Autre élément à considérer, la demande physique a connu un pic à court terme et devrait revenir à des niveaux plus raisonnables. En août, dans le sillage de la baisse de ses taxes à l’importation, l’Inde a en effet importé environ 140 tonnes de métal jaune, un record depuis début 2021. Cet impact positif semble cependant limité dans le temps, car en réaction à une décision administrative. Par ailleurs, la consommation chinoise d’or physique s’est contractée sous l’effet du ralentissement économique.