La Bourse suisse est repartie à la baisse jeudi, ne parvenant pas à poursuivre sur la lancée positive de la veille. Le SMI est repassé sous les 13.000 points à son plus bas du jour, niveau au-dessus duquel il a cependant terminé. Les incertitudes géopolitiques et le feuilleton des droits de douane américains continuent de plomber l'ambiance. La décision de la Banque centrale européenne (BCE) d'abaisser son principal taux directeur de 25 points de base, à 2,50%, a aussi retenu l'attention des investisseurs.
«Selon nous, la BCE devrait continuer à réduire ses taux à un rythme constant de 25 points de base (pb) par réunion jusqu'à ce qu'ils atteignent 2% en juin», a commenté Dean Turner, économiste en chef de la zone euro chez UBS Global Wealth Management. Pour cet expert, l'incertitude géopolitique accrue et la menace de droits de douane sur les exportations européennes vers les États-Unis présentent des risques pour la croissance, ce qui pourrait inciter la BCE à abaisser ses taux directeurs pour soutenir l'économie plus tard dans l'année.
Même son de cloche à la banque EFG à Zurich, qui s'attend à de nouvelles baisses et table sur des taux d'intérêt inférieurs à 2% d'ici la fin de l'année. «Cela reste possible, mais les perspectives sont très incertaines: tout dépend de l'évolution des conditions économiques. Les risques sont nombreux. Une guerre commerciale entre les États-Unis et l'Union européenne (UE) pourrait à court terme faire grimper l'inflation dans la zone euro», a estimé dans un commentaire Stefan Gerlach, chef économiste. Mais le véritable danger selon lui réside dans le ralentissement économique que cette guerre commerciale déclencherait en Europe.
A New York, Wall Street reculait en matinée, après des résultats d'entreprises inférieurs aux attentes qui relancent les inquiétudes sur un ralentissement de la consommation aux Etats-Unis, et toujours minée par les droits de douane américains.
La chaîne américaine de grands magasins Macy's a réalisé un chiffre d'affaires inférieur aux attentes au quatrième trimestre de son exercice décalé. Et pour l'année en cours, l'enseigne anticipe un bénéfice net par action compris entre 2,05 et 2,25 dollars contre 2,31 dollars attendu par les analystes.
Cela provoque «des inquiétudes concernant un ralentissement de la consommation» aux Etats-Unis qui «font écho» aux prévisions «prudentes» du géant Walmart qui ont précipité il y a deux semaines la place américaine dans une dynamique baissière, a relevé Adam Sarhan de 50 Park Investments.
En Suisse, la situation du marché de l'emploi s'est légèrement améliorée en février. Le taux de chômage est retourné sous la barre des 3,0% atteinte en janvier, en reculant à 2,9%.
Le SMI a fini en baisse de 0,64% à 13.029,39 points, plus bas à 12.928,22 et plus haut à 13.105,02 en phase d'ouverture. Le SLI a abandonné 0,69% à 2116,94 points et le SPI 0,66% à 17.186,48 points. Sur les trente valeurs vedettes, 19 ont reculé et onze avancé.
Adecco (+8,4%) précède Geberit (+6,8%) et SIG Group (+3,3%) sur le podium des gagnants du jour.
Barclays a relevé l'objectif de cours du géant du travail temporaire et confirmé «overweight». L'analyste prévoit une hausse du bénéfice d'exploitation d'au moins 9-10% d'ici 2027.
Le spécialiste saint-gallois des équipements sanitaires a vu sa rentabilité ployer l'année dernière, de 0,9% à 912,6 millions de francs, face à un secteur de la construction au ralenti en Europe.
Le producteur d'emballages alimentaires SIG Group a profité d'un relèvement de son rating de crédit à long terme par l'agence Moody's, à Baa3 contre Ba1 précédemment. La perspective demeure stable pour l'entreprise schaffhousoise qui devrait continuer à améliorer sa rentabilité malgré les difficultés conjoncturelles.
Sonova (-5,5%) a terminé lanterne rouge, derrière SGS (-4,8%) et Richemont (-4,2%).
L'actionnaire belge GBL a annoncé céder 8,5 millions d'actions du spécialiste de l'inspection et de la certification et détenir encore 14,6% du capital-actions.
Les trois poids lourds de la cote Nestlé (-0,3%), Roche (-0,2%) et Novartis (-0,5%) n'ont pas échappé à la tendance.
Le fabricant de périphériques électroniques Logitech (-0,3%) a confirmé ses objectifs pour 2024/25, attend jusqu'à 4,71 milliards de dollars de recettes en 2025/26 et a gonflé ses rachats d'actions.
Sur le marché élargi, Cicor (+7,8%), Comet (-11,6%), Cosmo (-12,9%), Galderma (-9,7%), Helvetia (+1,9%), Kardex (+0,9%), R&S (+12,2%) et V-Zug (+10,0%) ont dévoilé leurs résultats 2024, avec plus ou moins de bonheur. (AWP)