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Les salaires ont crû en Suisse en 2022, mais pas suffisamment selon les syndicats

Si l'économie suisse a connu une reprise «sans précédent» dans la plupart des branches, l’inflation a mordu dans le pouvoir d’achat des salariés.

La Conseillère nationale Greta Gysin est la co-présidente de transfair.
Keystone
La Conseillère nationale Greta Gysin est la co-présidente de transfair.
20 décembre 2021, 10h28
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De nombreux employés verront leurs salaires augmenter en 2022 grâce aux négociations salariales, se félicitent lundi les syndicats en conférence de presse. Le bilan est toutefois mitigé: la hausse n'est pas suffisante au vu de la reprise économique et du renchérissement. Et des différences sont à noter entre les diverses branches.

Après l'année 2020 marquée par le coronavirus, l'économie suisse a connu une reprise «sans précédent» dans la plupart des branches, selon les syndicats. Dans le même temps, le renchérissement a aussi augmenté, relève Thomas Bauer, de Travail.Suisse, dans son discours écrit. Cette hausse des prix doit s'accompagner d'une compensation salariale pour tous les travailleurs.

Les syndicats pointent également le fait que certaines branches ou entreprises «profitent» de l'insécurité qui découle de la crise sanitaire pour maximiser leurs bénéfices. La pandémie a même profité à certains secteurs, selon eux.

Dans ce cadre, les résultats salariaux affichent un bilan mitigé pour les syndicats. L'évolution est «modeste», bien que meilleure qu'il y a un an. Il y a davantage d'augmentations générales de salaires, qui permettent d'au moins compenser le renchérissement dans une branche sur deux, note M. Bauer. En outre, le statu quo est maintenu dans cinq branches ou entreprises, contre 36 l'an dernier.

Positif dans le commerce de détail

Les syndicats soulignent des négociations contrastées entre les différents secteurs. Dans plusieurs branches de l'artisanat, comme la carrosserie, l'électricité ou la construction bois, les salaires augmenteront plus fortement que le renchérissement.

Les 'working poor', en majorité des femmes, resteront une triste réalité

Marco Geu, secrétaire central de Syna

Son de cloche positif aussi dans le commerce de détail. Tous les grands distributeurs suisses ont fixé leurs salaires minimaux à plus de 4000 francs brut, se réjouit Marco Geu, secrétaire central de Syna. Cela influence également les branches annexes, comme les stations-service, où les salaires vont augmenter grâce à une nouvelle convention collective de travail.

La question des bas salaires reste toutefois préoccupante. «Les 'working poor', en majorité des femmes, resteront une triste réalité» en 2022, déclare M. Geu. Et de citer les secteurs du nettoyage, de la restauration, de la boulangerie ou de la coiffure.

Quant à l'industrie, «qui s'est rapidement rétablie après quelques brèves secousses», le bilan est mitigé. Les salaires ne sont pas suffisants dans le domaine de l'horlogerie, et il n'y a actuellement aucun résultat pour la chimie et la pharma, expliquent les syndicats.

«Politique du sparadrap»

Ils se montrent carrément mécontents concernant le domaine de la construction. Marco Geu dénonce un second gel des salaires consécutif «catastrophique, alors même que la branche est en plein boom et se plaint d'une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée».

Mais ce sont surtout les salaires dans le secteur de la santé qui font grincer des dents. Les syndicats déplorent une «politique du sparadrap». «On a applaudi et voté avec succès. Mais dès qu'il s'agit d'argent, les portes se ferment», critique le secrétaire central de Syna.


Dans cette branche, il y a eu plutôt des augmentations individuelles. Travail.Suisse ne rejette pas par principe ces hausses individuelles, précise Thomas Bauer, mais il privilégie les augmentations générales, pour que tout le monde puisse en profiter.

Quant aux secteurs des transports, de la logistique et de l'administration fédérale, les résultats sont suffisants, mais on pourrait en faire plus. Les employés du service public ont eu beaucoup à faire en cette période de crise, «sollicités comme rarement», avance Greta Gysin, co-présidente de transfair, qui appelle à une «reconnaissance politique».

Les négociations sont encore en cours dans ces branches. Mme Gysin mentionne plusieurs problèmes, comme Swisscom qui restructure et délocalise ou le budget alloué au personnel fédéral remis en cause par le Parlement. Transfair demande aussi davantage d'aides financières pour les transports publics, en raison de la pandémie. (awp/ats)