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Les colombes n’ont pas dit leur dernier mot

Les propos apaisants tenus par MM Powell et Williams ont mis fin à l’épisode «risk off».

François Christen
One Swiss Bank à Genève
29 juin 2021, 22h40
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Le deuxième trimestre s’achève par un festival de nouveaux records établis par les actions mondiales et un rétablissement partiel des obligations gouvernementales malmenées au cours du premier trimestre. Le bref épisode de turbulences succédant à la dernière réunion du FOMC n’a pas duré longtemps: les actifs risqués ont renoué avec une tendance à la hausse amorcée fin mars 2020, tandis que les emprunts à long terme du Trésor US ont cédé une partie des gains précaires engrangés la semaine passée.

Le rendement du T-Note US à dix ans continue à évoluer à proximité de 1,5%, alors que les emprunts à court et à moyen terme ont intégré la perspective d’un relèvement des taux d’intérêt un peu plus rapide que précédemment signalé par un FOMC désormais partagé. Encore majoritaires, les «colombes» font face à une minorité croissante de «faucons» qui envisagent de relever le taux d’intérêt des «Fed funds» dès 2022.

L’épisode «risk off» déclenché par le changement de ton du FOMC a pris fin à la faveur des propos rassurants tenus par le Président de la Fed Jerome Powell et l’influent John Williams qui préside la Fed de New York. L’un comme l’autre estiment qu’il est prématuré d’infléchir le cap archi-accommodant de la politique monétaire malgré les développements conjoncturels et sanitaires réjouissants et des perspectives radieuses.

Un rythme qui n’avait plus été observé depuis le siècle passé

Les pontes de la Fed persistent à penser que le dérapage de l’inflation se révélera temporaire. A cet égard, la progression annuelle de l’indice de prix des dépenses de consommation a atteint 3,9% en mai; hors énergie et alimentation, l’indice «core» affiche une progression de 3,4% - un rythme qui n’avait plus été observé depuis le siècle passé (au début des années 90)! Les anticipations d’inflation à long terme sont à peu près stables, aux environs de 2,2% (moyenne sur 5 ans, dans 5 ans, inférée des TIPS).


Les colombes n’ont pas dit leur dernier mot

Un paquet budgétaire chiffré à 1000 milliards de dollars

Rassurés par Powell et Williams, les investisseurs ont ensuite salué la perspective d’un accord «bipartisan» sur un paquet budgétaire chiffré à 1000 milliards de dollars. Echelonné sur cinq ans, le plan est moins généreux que suggéré par le «headline». Il intègre des dépenses qui incombaient déjà au gouvernement fédéral (400 milliards) et ne porte que sur les infrastructures physiques (transport, eau, électricité, télécommunication…). Les Républicains continuent à s’opposer aux projets «sociaux» de Joe Biden (crèche, éduction, EMS...). Cette avancée, qui doit encore être approuvée par le Congrès et paraphée par le Président, n’implique pas de rupture majeure, comme en témoigne la sérénité du marché obligataire.

Au-delà du «policy mix» aux USA, l’actualité économique et sanitaire est généralement souriante, notamment en Europe où la plupart des pays ont commencé à alléger les contraintes sanitaires. Les PMI préliminaires dévoilés par Markit traduisent un renforcement marqué des activités de services (58,0 en juin, après 55,2 en mai) et un dynamisme persistant du secteur manufacturier (jauge inchangée à 63,1 en juin). En Allemagne, l’indice IFO du climat des affaires a gagné 2,6 points, pour s’établir à 101,8. Les ménages se montrent aussi de plus en plus confiants (indice «flash» en hausse de 1,8 points à 3,3, au plus haut depuis janvier 2018. 

Seul zone ombre à ce tableau ensoleillé, le rebond des cas de Covid-19 lié au variant «delta» au Royaume-Uni pourrait remettre en question l’optimisme ambiant.