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Le statu quo de la Fed semble acquis, mais la trajectoire ultérieure incertaine

Mitigés, les indicateurs récents sont encore compatibles avec un «atterrissage en douceur» des Etats-Unis.

Le nombre de postes à pourvoir a poursuivi son repli pour s’établir à 8,8 millions en juillet après avoir culminé à plus de 12 millions en mars 2022.
Keystone
Le nombre de postes à pourvoir a poursuivi son repli pour s’établir à 8,8 millions en juillet après avoir culminé à plus de 12 millions en mars 2022.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
06 septembre 2023, 7h00
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Malmenées durant la première quinzaine d’août, les obligations en dollars se sont reprises à la faveur de plusieurs nouvelles qui devraient inciter la Réserve fédérale américaine (Fed) à faire preuve de retenue. La dégradation de la confiance des consommateurs et de multiples symptômes de refroidissement du marché du travail ont provoqué un reflux des rendements à court et moyen terme.

Le statu quo de la Fed semble acquis, mais la trajectoire ultérieure incertaine

Le nombre de postes à pourvoir a poursuivi son repli pour s’établir à 8,8 millions en juillet après avoir culminé à plus de 12 millions en mars 2022. Dans le même registre, le nombre d’employés qui ont remis volontairement leur démission est tombé à 3,5 millions (contre 4,5 millions en mars 2022). Ces chiffres traduisent un rééquilibrage des rapports de force entre salariés et entreprises.

Normalisation graduelle

Le rapport de l’emploi publié vendredi corrobore ce constat même si l’embauche nette s’est révélée robuste (187.000 en août, après 157.000 en juillet et 105.000 en juin). Le taux de chômage a bondi de 3,5% en juillet à 3,8% en août. Cette forte progression s’explique par une augmentation du taux de participation au marché du travail qui s’est redressé à 62,8%, soit 0,2 point de plus qu’en juillet. Le déclin de ce taux provoqué par la pandémie fait place à une normalisation graduelle, favorisée par l’épuisement de l’épargne accumulée par les ménages entre 2020 et 2021.

L’indice de prix lié aux dépenses personnelles, auquel se réfère souvent la Fed, met en lumière une légère accélération de l’inflation annuelle (3,3% en juillet après 3,0% en juin), mais la variation mensuelle de 0,2% s’inscrit dans la fourchette visée par les banquiers centraux. Le relâchement du marché du travail devrait inciter le FOMC à s’accorder une pause en attendant de mieux cerner l’évolution de l’activité et de l’inflation aux Etats-Unis. Le statu quo semble quasiment acquis le 20 septembre, mais la trajectoire ultérieure reste incertaine.

Pronostics de récession infirmés

Si les «mauvais» chiffres de l’emploi ont reçu un «bon» accueil à Wall Street, le redressement de l’indice ISM consacré au secteur manufacturier (47,6 en août après 46,4 en juillet) infirme les pronostics de récession. Les indicateurs récents semblent toujours compatibles avec un «atterrissage en douceur» qui n’appellera pas de revirement rapide ou agressif de la Fed en 2024.

Le tableau est moins réjouissant en Europe où l’on observe une baisse régulière de l’indice du «sentiment économique» publié par la Commission européenne (93,3 en août, au plus bas depuis novembre 2020) et des tensions inflationnistes persistantes. En première estimation, l’inflation est restée stable à 5,3% en août. Hors énergie, alimentation et tabac, les prix affichent une augmentation de 0,3% par rapport au mois précédent et 5,3% en glissement annuel. L’objectif de stabilité des prix n’est toujours pas atteint, mais la dégradation de la conjoncture pourrait inciter la Banque centrale européenne (BCE) à s’accorder une pause en septembre, comme sa présidente, Christine Lagarde, l’avait laissé entendre à l’issue de la réunion du Conseil des gouverneurs.

Les symptômes de faiblesse et l’influence des Etats-Unis ont favorisé une légère détente des rendements en euros à court et moyen terme, tandis que les rendements à long terme sont stables. La courbe des rendements en francs suisses est également sous pression. A contre-courant, les emprunts en livres sterling sont pénalisés par le dérapage prononcé de l’inflation au Royaume-Uni et la perspective d’un relèvement accru du taux d’intérêt en septembre.

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