L’association des stratégistes de Genève (Isag) s’est réunie le 30 novembre. Après une année 2022 marquée par le ralentissement de l’économie mondiale, l’accélération de l’inflation, le durcissement des politiques monétaires et la baisse des marchés actions et obligataires, les spécialistes ont discuté des perspectives pour 2023.
Le ralentissement de l’économie mondiale se poursuivra l’an prochain. Les niveaux élevés des taux directeurs continueront de freiner la reprise du cycle d’investissement, notamment dans le secteur de l’immobilier. La consommation privée devrait également ralentir en raison de la baisse du pouvoir d’achat réel expliqué par une inflation toujours élevée. La hausse des prix pourrait ralentir, en raison de l’énergie, mais rester importante en raison du choc d’offre alimentaire et de l’inflation salariale. La force du dollar continuera de pénaliser la croissance du commerce mondial attendue sous les 5% l’an prochain. Le principal risque pour 2023 est celui d’une récession, considérée plus probable en Europe qu’aux Etats-Unis.

Le durcissement monétaire l’an prochain se poursuivra mais de manière moins importante qu’en 2022. Un possible «pivot» de la politique monétaire a ainsi été discuté. Les avis étaient partagés entre ceux considérant qu’un taux de la Réserve fédérale (Fed) à 5% sera maintenu au-delà de 2023 et ceux considérant que la réduction du bilan de la Fed prendra le relais et sera tout aussi pénalisante pour les investisseurs. Les taux pourraient donc poursuivre leur hausse. L’inversion de la courbe des taux américaine pourrait durer plusieurs mois. Par conséquent, le positionnement tactique sur les obligations reste majoritairement porté sur les courtes durations.
L’exposition sur le marché du crédit a également fait l’objet de débat. Les obligations d’entreprises de bonne notation ont été considérées attractives sur des maturités peu élevées. Le segment spéculatif a fait l’objet de davantage de débat. La classe d’actifs est l’une des premières à rebondir en phase d’amélioration des marchés financiers. En revanche, ce segment est affecté négativement par le ralentissement économique et les écarts de crédit sont inférieurs aux niveaux observés durant les précédentes récessions.
L’EUR/CHF sous la parité a convaincu la majorité des stratégistes
Isag
La majorité des stratégistes sous-pondèrent leur exposition aux marchés actions. La baisse de l’activité pénalisera la marge des entreprises ce qui réduira la croissance des bénéfices des entreprises. Il n’y a pas eu de consensus sur les régions à privilégier. Certains privilégient les Etats-Unis en raison d’une possible baisse des taux longs qui soutiendrait les valeurs de croissance. D’autres privilégient les marchés européens ou chinois en raison d’une valorisation plus attractive qu’outre-Atlantique.
Sur le marché des changes, une dépréciation du dollar américain a été discutée. La survalorisation actuelle de la monnaie américaine et un durcissement monétaire moins important de la Fed pourraient soutenir cette nouvelle tendance. Néanmoins, les stratégistes restent neutres sur l’EUR/USD à six mois en raison du ralentissement économique plus important attendu en zone euro. L’EUR/CHF sous la parité a convaincu la majorité des stratégistes. Les écarts d’inflation entre la Suisse et le reste du monde soutiennent l’appréciation du franc suisse contre les autres devises. Enfin, peu d'experts anticipent un prix de l’once d’or au-delà de 1900 dollars pour l’an prochain.