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Le millésime obligataire 2024 est surcoté

Les perspectives radieuses vendues par certains stratèges sont invalidées par l’envol de fin 2023.

Le rebond marqué de l’indice du sentiment économique de la Commission européenne et les derniers chiffres d’inflation devraient conforter la BCE dans une posture attentiste.
Keystone
Le rebond marqué de l’indice du sentiment économique de la Commission européenne et les derniers chiffres d’inflation devraient conforter la BCE dans une posture attentiste.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
09 janvier 2024, 18h45
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Il fallait s’y attendre. Le «rally» inédit qui a conduit le rendement du T-Note américain de 5% à moins de 3,8% entre fin octobre et fin décembre 2023 a fait place à une correction durant la première semaine 2024. Le rebond des rendements observé durant les premières sessions de la nouvelle année a brisé la tendance haussière qui avait conduit les actions américaines à proximité, voire au-delà des précédents sommets historiques. L’exubérance des marchés en fin d’année a eu raison d’un «effet janvier» qui postule des gains saisonniers en début d’année.

La courbe des rendements en dollars s’est légèrement désinversée sous l’effet d’une augmentation des rendements à long terme. Ces tensions résultent d’une actualité économique qui ne plaide pas pour un assouplissement rapide et agressif de la politique monétaire aux Etats-Unis. Le rapport de l’emploi publié vendredi passé met encore une fois en lumière un marché du travail robuste. L’enquête réalisée auprès des entreprises fait état d’une augmentation des effectifs de 216.000 en décembre, bien au-delà des attentes. Le taux de chômage établi sur la base d’un sondage auprès des ménages est stable à 3,7%. Derrière ces chiffres emblématiques, on perçoit toutefois un refroidissement graduel. En effet, la durée de travail hebdomadaire a fléchi en décembre et les créations de postes du secteur privé ont sensiblement ralenti au quatrième trimestre. En fin de compte, le rapport de l’emploi est compatible avec un «atterrissage en douceur» de l’économie américaine.

Les dernières enquêtes de l’ISM transmettent un message confus. L’indice consacré au secteur manufacturier s’est redressé de 46,7 en novembre à 47,4 en décembre, mais reste en territoire de contraction. Plus inquiétant, la chute de 52,7 à 50,6 de l’indice consacré aux services marque une rupture au regard des bonnes surprises qui ont émergé en 2023. Erratique et peu fiable, cet indicateur est toutefois loin de justifier un revirement précipité de la politique monétaire. A cet égard, le procès-verbal de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) (FOMC) tend à confirmer que les taux d’intérêt ne seront pas relevés davantage, mais il n’apporte aucune précision sur les perspectives de réductions attendues en 2024.

Les chiffres d’inflation attendus mercredi permettront d’y voir un peu plus clair, mais il faudra probablement attendre le printemps pour que la Fed dévoile plus clairement son plan de route. Pour l’heure, le revirement agressif escompté par certains stratèges semble spéculatif et mal étayé par les développements macroéconomiques récents. Dans cette logique, les obligations offrent des perspectives de performance combinant rendement espéré et risque en demi-teintes même si le cycle de resserrement conduit par la Fed est probablement achevé.

Le millésime obligataire 2024 est surcoté

En Europe, les rendements en euros sont aussi repartis à la hausse. Celui du Bund allemand à 10 ans s’est redressé aux environs de 2,2% après être tombé à 1,9% le 27 décembre. Le rebond marqué de l’indice du sentiment économique de la Commission européenne et les derniers chiffres d’inflation devraient conforter la Banque centrale dans une posture attentiste. Hors énergie et alimentation, l’inflation annuelle a poursuivi son reflux pour s’établir à 3,4% en décembre, mais la progression mensuelle de 0,4% ne plaide pas pour un assouplissement rapide.

Hors zone euro, les rendements en livres sterling et en francs suisses se sont conformés à la tendance générale à la faveur d’une réévaluation des perspectives de réduction des taux d’intérêt monétaires.