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Le faucon monétaire, espèce en voie d’extinction

La bienveillance des banques centrales entraîne un reflux des rendements aux Etats-Unis et en Europe.

Sans surprise, la Réserve fédérale américaine n’a pas modifié son taux d’intérêt directeur et réaffirmé sa volonté de faire preuve de patience. La mise à jour des projections économiques et le ton amical de Jerome Powell ont toutefois retenu l’attention.
Keystone
Sans surprise, la Réserve fédérale américaine n’a pas modifié son taux d’intérêt directeur et réaffirmé sa volonté de faire preuve de patience. La mise à jour des projections économiques et le ton amical de Jerome Powell ont toutefois retenu l’attention.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
26 mars 2024, 18h30
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Quatre banques centrales majeures ont focalisé l’attention la semaine passée. Ouvrant le bal, la Banque du Japon a mis un terme à toutes les mesures non conventionnelles mises en œuvre durant de longues années. L’ère des taux d’intérêt négatifs s’est achevée par un relèvement du taux d’intérêt directeur vers une cible comprise entre 0% et 0,1%. Le programme de «contrôle de la courbe des rendements» prend fin, mais la banque centrale ne prévoit pas de réduire ses achats d’emprunts gouvernementaux (JGBs). Elle renonce toutefois à acheter des actifs risqués (ETF, fonds immobiliers, obligations et créances d’entreprises). Un cap symbolique a donc été franchi, mais la Banque du Japon continue à exercer une politique accommodante et n’adresse aucun signal préfigurant un relèvement accru des taux. Pour le moins graduel, le virage n’a quasiment pas eu d’impact sur les rendements en yen, mais a provoqué une dépréciation de la monnaie japonaise.

Sans surprise, la Réserve fédérale américaine n’a pas modifié son taux d’intérêt directeur et réaffirmé sa volonté de faire preuve de patience. La mise à jour des projections économiques et le ton amical de Jerome Powell ont toutefois retenu l’attention. Le banquier central a minimisé la portée de la persistance de l’inflation observée en début d’année. En outre, la médiane des prévisions des dix-neuf membres du comité de politique monétaire (FOMC) fait toujours état d’un taux des «Fed funds» abaissé à 4,6% à fin 2024. Cette médiane occulte toutefois une large minorité de neuf participants qui prévoient un assouplissement plus modeste, voire le maintien du statu quo jusqu’à la fin de l’année. La trajectoire des taux d’intérêt reste incertaine et tributaire des données à venir. L’actualité récente ne plaide pas pour un revirement rapide et de grande ampleur, mais pour une normalisation graduelle, différée au troisième trimestre. En fin de compte, le message pondéré transmis par Jerome Powell a favorisé une légère détente des rendements en dollars et une réaction enthousiaste sur un marché des actions qui a atteint de nouveaux sommets.

La BNS déjoue une majorité de pronostics

En Europe, la Banque nationale suisse (BNS) a déjoué une majorité de pronostics en baissant son taux d’intérêt directeur de 1,75% à 1,5%. Opéré un peu plus tôt que prévu, ce geste trouve sa légitimité dans le ralentissement de l’inflation et l’appréciation du franc en termes réels. Les prévisions d’inflation, révisées à la baisse par la BNS, et les déclarations de Thomas Jordan semblent annoncer une réduction accrue des taux. Le reflux des rendements est tel que les obligations en francs ont perdu une grande partie de l’attrait brièvement retrouvé à la fin 2022.

Le faucon monétaire, espèce en voie d’extinction

Au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre a opté pour le statu quo à une large majorité de huit contre un, lequel s’est prononcé en faveur d’une baisse du taux de base. Les deux «faucons» qui souhaitaient un relèvement le 1er février sont rentrés dans le rang, mais le comité attendra d’observer un reflux probant de l’inflation avant de concéder un assouplissement qui devrait se matérialiser au second semestre.

Du côté de la zone euro, Christine Lagarde a annoncé explicitement la perspective d’une baisse des taux d’intérêt le 6 juin, pour autant que le scénario escompté par la Banque centrale européenne (BCE) soit corroboré par les données attendues jusqu’à cette échéance. Le ralentissement de l’inflation salariale observé au quatrième trimestre et l’amélioration du climat des affaires tendent à valider l’optimisme qui a conduit l’indice Stoxx 50 au plus haut depuis près de 24 ans!