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Le dollar à l’épreuve de la réalité

La devise américaine a reculé d’environ 5% face au franc, alors que la paire EUR/USD s’est appréciée de près de 8%, frôlant le seuil psychologique de 1,10.

Bien entendu, la mise en place de droits de douane crée un risque de retour de l’inflation et partant, diminue la probabilité de voir la Réserve fédérale (Fed) baisser son taux directeur rapidement et drastiquement. Si cette stabilité du taux servi sur le dollar s’accompagne d’un assouplissement de la part des autres banques centrales, BCE et BNS notamment, alors le différentiel de taux (portage) devrait permettre au dollar de s’apprécier.
Bien entendu, la mise en place de droits de douane crée un risque de retour de l’inflation et partant, diminue la probabilité de voir la Réserve fédérale (Fed) baisser son taux directeur rapidement et drastiquement. Si cette stabilité du taux servi sur le dollar s’accompagne d’un assouplissement de la part des autres banques centrales, BCE et BNS notamment, alors le différentiel de taux (portage) devrait permettre au dollar de s’apprécier.
Jean-Marc Guillot
Edmond de Rothschild - Responsable Changes et Trésorerie du groupe
13 mars 2025, 19h30
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Le scénario des grandes banques d’investissement pour l’évolution du billet vert en 2025 était clair: une appréciation de la devise américaine et un euro ramené à 0,97 dollar en fin d’année.

Mais depuis fin janvier un mouvement inverse s’est amorcé, s’accentuant depuis le 28 février. Le dollar a reculé d’environ 5% face au franc, alors que la paire EUR/USD s’est appréciée de près de 8%, frôlant le seuil psychologique de 1,10. Parallèlement, le Dollar Index (qui mesure la valeur du greenback par rapport à un panier de devises) fléchissait de plus de 6%. Force est de constater que l’hypothèse selon laquelle l’instauration de barrières douanières combinée à un contexte économique porteur aux Etats-Unis soutiendrait une hausse du dollar se trouve invalidée par la réalité du marché.

Bien entendu, la mise en place de droits de douane crée un risque de retour de l’inflation et partant, diminue la probabilité de voir la Réserve fédérale (Fed) baisser son taux directeur rapidement et drastiquement. Si cette stabilité du taux servi sur le dollar s’accompagne d’un assouplissement de la part des autres banques centrales, BCE et BNS notamment, alors le différentiel de taux (portage) devrait permettre au dollar de s’apprécier. Un mouvement qui se trouverait encore amplifié si, du fait de l’écart de croissance, seule la Bourse américaine venait à performer, incitant les investisseurs étrangers à acquérir du dollar pour acheter des actions.

Une phase de correction

Oui mais tout cela, c’était avant! Avant que ne se matérialisent des craintes de récession économique aux Etats-Unis, conséquence de la politique agressive et versatile de la nouvelle administration. Avant que Wall Street n’entre dans une phase de correction, l’indice S&P500 perdant jusqu’à 10%. Avant que la Fed ne confirme sa volonté de baisser son taux directeur si l’économie venait à faiblir. Enfin, avant que l’Europe ne parvienne à s’accorder sur un impressionnant effort financier pour mettre à niveau ses défenses militaires, faisant fi de l’orthodoxie budgétaire si chère à l’Allemagne et recourant largement à l’emprunt.

Les péripéties boursières ont donc réduit les achats de dollars et ont même contribué à des rapatriements en devises locales lors des ventes d’actions. Par ailleurs, les taux d’intérêt en dollar ont diminué (-0,70% sur le 5 ans), en anticipation d’un ralentissement économique, alors que les taux européens ont pris l’ascenseur (+0,60% sur le 5 ans), en amont d’une hausse de la dette. Le portage a donc nettement évolué en défaveur du dollar, poussant naturellement la devise américaine à la baisse.

Le maître mot de cette année 2025 restant la volatilité au gré des surprises «trumpiennes», conclure à une dépréciation continue du billet vert portée par la nouvelle dynamique de taux et de croissance serait prématuré. Il est en effet probable que le dollar rebondisse pour des raisons techniques et soit porté pour une respiration boursière sur fond de baisse d’impôts aux entreprises en cours de discussion à la Maison Blanche. L’année 2025 restera sans doute sans tendance claire, nécessitant un pilotage à vue du risque de change.