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Le cycle américain ne tourne pas rond, tant mieux

Les indicateurs récents semblent valider l’improbable scénario d’atterrissage en douceur des Etats-Unis.

Largement escomptée, la décision de la Réserve Fédérale de relever son taux d’intérêt directeur vers une marge comprise entre 5,25% et 5,5% est passée comme une lettre à la poste.
Keystone
Largement escomptée, la décision de la Réserve Fédérale de relever son taux d’intérêt directeur vers une marge comprise entre 5,25% et 5,5% est passée comme une lettre à la poste.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
01 août 2023, 19h30
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Pléthorique, l’actualité récente réjouit Wall Street tout en provoquant un redressement des rendements. Largement escomptée, la décision de la Réserve fédérale de relever son taux d’intérêt directeur vers une marge comprise entre 5,25% et 5,5% est passée comme une lettre à la poste. Le communiqué du FOMC ainsi que la conférence de presse expriment un biais «restrictif», mais aucun signal explicite préfigurant un relèvement des taux d’intérêt en septembre. Le FOMC conserve ainsi une grande marge de manœuvre et calibrera sa politique au gré de l’évolution de la conjoncture et de l’inflation.

La décrue réjouissante de l’inflation est corroborée par l’indice de prix inhérent aux dépenses personnelles publié vendredi passé. L’augmentation de 0,2% de l’indice global et de l’indice hors énergie et alimentation est compatible avec l’objectif visé par la Fed. En glissement annuel, l’inflation «sous-jacente» affiche un reflux marqué de 4,6% à 4,1%, mais elle reste nettement au-dessus de la cible de 2%. Les nouvelles sont aussi réjouissantes du côté des salaires. L’indice du coût de l’emploi, qui constitue une mesure plus fiable que le revenu horaire moyen, affiche une augmentation de 1% entre mars et juin (en repli par rapport à l’augmentation de 1,2% observée durant les trois mois précédents). En bref, la modération de l’inflation des prix et des salaires semble compatible avec l’achèvement du cycle de relèvements des taux d’intérêt, pour autant que la tendance récente ne soit pas remise en question.

Les indicateurs d’activité sont généralement bien orientés, à l’image de la croissance du PIB au deuxième trimestre qui s’établit en première estimation à 2,4% (taux annualisé, après 2,0% au premier trimestre). L’économie américaine se révèle nettement plus solide que prévu l’an passé. Le rebond marqué de la confiance des consommateurs, le déclin des demandes d’indemnités de chômage et la stabilisation des prix de l’immobilier mise en évidence par l’indice S&P CaseShiller sont autant d’indices qui suggèrent que la Fed est parvenue à maîtriser l’inflation sans passer par la «case récession». Le reflux des rendements entraîné par les chiffres d’inflation à mi-juillet a toutefois été effacé par les symptômes de vigueur qui nous sont parvenus la semaine passée. Le rendement du T-Note à 10 ans s’est redressé à proximité de 4% tandis que celui du T-Note à 2 ans avoisine 4,9%.

Le cycle américain ne tourne pas rond, tant mieux

En Europe, la BCE a relevé ses taux d’intérêt directeurs de 0,25 point de pourcentage, comme elle l’avait signalé en juin. Le taux appliqué aux dépôts s’établit désormais à 3,75%, à hauteur du sommet atteint en 2001. Le communiqué n’intègre plus aucun avertissement précis. La trajectoire des taux d’intérêt dépendra des développements futurs. Lors de la conférence de presse, Christine Lagarde n’a pas écarté la possibilité d’une pause en septembre. A la différence des Etats-Unis, la zone euro présente des signes de faiblesse qui devraient inciter la BCE à faire preuve de retenue. Certes, le PIB agrégé de l’UME affiche une expansion de 0,3% au deuxième trimestre après avoir légèrement fléchi, mais l’Allemagne continue à stagner et la plupart des enquêtes récentes (PMI, IFO…) font état d’une dégradation inquiétante du climat des affaires.

Sur le front de l’inflation, les nouvelles sont assez réjouissantes. Le renchérissement annuel a reflué de 5,3% à la faveur d’une baisse des prix à la consommation de 0,1% en juillet. La forte augmentation des prix des services (1,4% mensuel, 5,6% sur douze mois) montre toutefois que le combat pour rétablir la stabilité des prix n’est pas encore gagné.