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La tension monte avant la «libération» des Etats-Unis

Les rendements refluent à la faveur du climat de peur généré par la politique chaotique de Donald Trump.

La persistance des tensions, alors que l’effet des «tarifs» ne s’est pas encore matérialisé, devrait conforter la Réserve Fédérale dans sa posture attentiste, du moins à court terme, conformément à la trajectoire reflétée par le CME Fedwatch (statu quo en mai, puis deux réductions de 0,25% en juin et en juillet).
Keystone
La persistance des tensions, alors que l’effet des «tarifs» ne s’est pas encore matérialisé, devrait conforter la Réserve Fédérale dans sa posture attentiste, du moins à court terme, conformément à la trajectoire reflétée par le CME Fedwatch (statu quo en mai, puis deux réductions de 0,25% en juin et en juillet).
François Christen
One Swiss Bank à Genève
01 avril 2025, 18h45
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A quelques heures de l’échéance du 2 avril, les investisseurs sont fébriles. En guise de hors-d’œuvre, l’annonce de taxes frappant les importations d’automobiles à hauteur de 25% a refroidi les espoirs alimentés par les rumeurs qui semblaient préfigurer une approche mesurée. Hélas, le vent a déjà tourné et les dernières «fuites» relayées par les médias laissent craindre des «tarifs» universels et potentiellement élevés – un taux de 20% étant évoqué par certaines sources. La journée de «libération» s’annonce mémorable, mais elle pourrait bien ne constituer qu’une simple étape dans une guerre commerciale qui donnera lieu à de multiples manœuvres de la part des forces en présence.

Le repli des rendements observé la semaine passée résulte essentiellement du climat d’inquiétude qui plane sur les marchés financiers. Le reflux du rendement du T-Note à 10 ans aux environs de 4,2% fait écho au déclin de l’indice S&P 500 provoqué par l’escalade des tensions commerciales, la réévaluation des perspectives d’apaisement géopolitique et par une accumulation de signes de ralentissement de l’activité. A cet égard, l’indicateur GDPnow publié par la Fed d’Atlanta signale une contraction du PIB de 0,5% durant le premier trimestre (après ajustement pour les importations d’or survenues en janvier).

Les enquêtes conduites auprès des consommateurs mettent en lumière une dégradation marquée de la confiance en mars, prolongeant la tendance observée en février. Les consommateurs républicains commencent à partager les craintes des démocrates ou indépendants. Le déclin des indices reflétant les conditions actuelles est toutefois moins prononcé que celui des indices consacrés aux attentes des consommateurs qui redoutent une accélération marquée et durable de l’inflation.

La publication de l’indice de prix lié aux dépenses de consommation (PCE) n’a pas calmé les esprits. Hors énergie et alimentation, l’inflation s’établit en février à 0,4% par rapport au mois précédent et 2,8% en glissement annuel. La persistance des tensions, alors que l’effet des «tarifs» ne s’est pas encore matérialisé, devrait conforter la Réserve fédérale dans sa posture attentiste, du moins à court terme, conformément à la trajectoire reflétée par le CME Fedwatch (statu quo en mai, puis deux réductions de 0,25% en juin et en juillet).

En Europe, le rendement du Bund allemand à 10 ans a cédé une dizaine de points de base pour s’établir à proximité de 2,7%. Le premier trimestre se solde ainsi par une convergence de plus de 60 points de base entre le rendement du T-Note à 10 ans et son homologue germanique. De part et d’autre de l’Atlantique, les obligations ont évolué dans la direction opposée des indices boursiers et contribué ainsi à réduire la volatilité des portefeuilles diversifiés et à limiter les pertes des investisseurs dont la monnaie de référence est le dollar (ainsi que les profits des investisseurs qui raisonnent en euros).

Les indicateurs récents mettent en lumière une amélioration du climat des affaires en Allemagne, mais une légère dégradation du «sentiment» à l’échelle de la zone euro. Les premiers chiffres d’inflation publiés par les pays de l’UME ne remettent pas en question la perspective d’un retour vers l’objectif de 2% en 2026. Le renforcement de l’euro pourrait conduire la Banque centrale européenne à se monter plus généreuse. Dans cette logique, les swaps portant sur le taux «overnight» (OIS) préfigurent un taux directeur abaissé à 1,75% à fin 2025. Hors zone euro, les rendements en livres sterling ont fléchi à la faveur du contexte tourmenté et de la décrue de l’inflation au Royaume-Uni. Les emprunts en francs suisses ont récupéré l’entièreté des pertes précédemment accumulées en mars, mais affichent une performance trimestrielle négative.