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La Fed s’accorde une pause avant un ultime bis

En Europe, la BCE maintient un cap restrictif dicté par la persistance de l’inflation sous-jacente.

Aux Etats-Unis, l’inflation a poursuivi sa décrue en mai pour s’établir à 4,0% après avoir culminé à 9,1% en juin 2022.
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Aux Etats-Unis, l’inflation a poursuivi sa décrue en mai pour s’établir à 4,0% après avoir culminé à 9,1% en juin 2022.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
20 juin 2023, 19h30
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Malgré un agenda pléthorique, la semaine passée n’a pas été le théâtre de grande rupture à Wall Street ou sur le marché des capitaux en dollars. Cette tranquillité s’explique par un flux de nouvelles et des décisions largement conformes aux attentes des investisseurs.

Aux Etats-Unis, l’inflation a poursuivi sa décrue en mai pour s’établir à 4,0% après avoir culminé à 9,1% en juin 2022. L’inflation sous-jacente, hors énergie et alimentation, demeure toutefois problématique avec des augmentations chiffrées à 0,4% sur un mois et 5,3% en glissement annuel. Ce rythme, nettement supérieur à l’objectif de 2,0%, ne permet pas à la Réserve fédérale (Fed) de crier victoire. Le combat visant à rétablir la stabilité des prix n’est pas gagné, mais la baisse des prix à la production (-0,3% mensuel, 1,1% en glissement annuel) constitue un développement réjouissant.

Sans surprise, la réunion du FOMC s’est soldée par une pause dans un cycle impliquant dix relèvements de taux d’intérêt consécutifs totalisant 500 points de base! Cette décision, prise à l’unanimité, permet à Jerome Powell, président de l’institut, et à ses collègues de mieux cerner les effets différés du relèvement des taux d’intérêt et de l’épisode de stress qui a frappé les banques régionales.

La mise à jour des projections économiques préfigure un taux d’intérêt directeur relevé entre 5,5% et 5,75% à fin 2023, ce qui impliquerait deux hausses supplémentaires alors que les «futures» du CME ne prédisent plus qu’un seul relèvement du taux des Fed funds le 26 juillet. Malgré ce petit désaccord, les investisseurs ont bien compris qu’il ne fallait pas espérer un assouplissement monétaire avant la fin de l’année. Le «pivot» est attendu en 2024, ce qui est réaliste et conforme aux projections des membres du FOMC qui laissent entrevoir un taux d’intérêt directeur réduit à 4,6% à fin 2024 et 2,5% à «long terme».

Les indicateurs récents tendent à confirmer la solidité de la demande des ménages (ventes au détail en hausse et amélioration de la confiance des consommateurs) alors que l’activité manufacturière stagne. Ces chiffres plutôt rassurants s’apparentent à un feu vert au relèvement de taux attendu en juillet.

En Europe, le relèvement de taux d’intérêt opéré par la Banque centrale européenne (BCE) n’a surpris personne. Le communiqué laisse entrevoir un resserrement accru pour rétablir la stabilité des prix. La banque centrale a en effet révisé à la hausse ses prévisions d’inflation hors énergie et alimentation à 5,1% pour 2023 et 3,0% en 2024 (soit 0,5 point de plus que prévu en mars) en raison de l’augmentation des coûts salariaux. En conférence de presse, la présidente Christine Lagarde a clairement évoqué un nouveau relèvement de taux d’intérêt en juillet, mais elle s’est montrée prudente quant à la trajectoire ultérieure de la politique monétaire. Une pause en septembre ou au quatrième trimestre semble toujours vraisemblable. Quoi qu’il en soit, la fin du cycle de relèvement des taux d’intérêt ne paraît plus très éloignée.

La Fed s’accorde une pause avant un ultime bis

Le message transmis par la BCE a provoqué une accentuation de la courbe des rendements en euro. Alors que le rendement du Bund allemand à 10 ans s’est redressé au-dessus de 2,5%, celui du Schatz à 2 ans avoisine désormais 3,1%. En dehors de la zone euro, les rendements en livres sterling et en francs suisses sont aussi orientés à la hausse dans l’attente des réunions de politique monétaires de la Banque d’Angleterre et de la BNS qui s’apprêtent aussi à relever leurs taux d’intérêt directeurs de 25 points de base.