• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

La Fed infirme toute perspective de «pivot»

La banque centrale maintient un cap résolument restrictif bien qu’elle s’apprête à ralentir la cadence.

La Fed a relevé son taux d’intérêt directeur de 0,75 point de pourcentage pour la quatrième fois consécutive, vers une marge comprise entre 3,75% et 4%.
keystone
La Fed a relevé son taux d’intérêt directeur de 0,75 point de pourcentage pour la quatrième fois consécutive, vers une marge comprise entre 3,75% et 4%.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
08 novembre 2022, 20h45
Partager

Fait marquant de la semaine passée, la réunion du FOMC s’est soldée par des décisions et annonces peu surprenantes qui ont toutefois provoqué une réaction houleuse à Wall Street. La Fed a relevé son taux d’intérêt directeur de 0,75 point de pourcentage pour la quatrième fois consécutive, vers une marge comprise entre 3,75% et 4%. Le communiqué signale implicitement une volonté de réduire la taille des prochains relèvements de taux d’intérêt en évoquant les «lags», soit les effets retardés, inhérents à la politique monétaire.

Ce qui a fâché Wall Street réside dans les propos tenus par Jerome Powell en conférence de presse. Le patron de la Fed a en effet relevé que les développements récents étaient de nature à justifier un taux d’intérêt «ultime» (en fin de cycle) plus élevé que précédemment escompté, même si la banque centrale s’apprête à ralentir la cadence. En d’autres termes, la Réserve fédérale pourrait relever le taux d’intérêt des «Fed Funds» au-dessus de 5% en 2023.

Des propos apaisants

Les déclarations de Jerome Powell étaient donc loin de préfigurer le «pivot» fantasmé par certains investisseurs. Complétant le message transmis par le patron de la Fed, plusieurs gouverneurs ont cependant tenu des propos apaisants en fin de semaine. Susan Collins, Chris Evans et Thomas Barkin ont tous laissé entendre que le prochain relèvement de taux d’intérêt ne dépassera pas 0,5 point, mais aucun ne s’est risqué à prédire un niveau terminal, tributaire des développements futurs.

La Fed infirme toute perspective de «pivot»

Dans l’attente des chiffres d’inflation, les indices de l’ISM mettent en lumière un ralentissement d’activité tant pour le secteur manufacturier (50,2 en octobre après 50,9 en septembre) que du côté des services (54,4 après 56,7), mais pas de contraction. Le rapport de l’emploi publié vendredi est confus, car l’enquête conduite auprès des entreprises fait état d’une embauche nette chiffrée à 261.000 postes en octobre, alors que le sondage réalisé auprès des ménages traduit la disparition de 328.000 emplois et un rebond du taux de chômage à 3,7% (contre 3,5% en septembre). Cette divergence, qui souligne l’imprécision des «données» économiques, devrait inciter la Fed à agir de manière plus mesurée.

Cette semaine riche en événements et en indicateurs s’est soldée par des tensions modérées sur les rendements en dollars. Le rendement du T-Note US à 10 ans s’est redressé aux environs de 4,15% tandis que le rendement du T-Note à 2 ans approche 4,7%. La rigueur professée par Powell a accentué l’inversion de la structure des taux d’intérêt aux Etats-Unis, tout en favorisant une augmentation des rendements «réels» associés aux TIPS et une légère décrue des anticipations d’inflation.

En Europe, la Banque d’Angleterre a relevé son taux d’intérêt directeur de 0,75 point de pourcentage, de 2,25% à 3%. Cette décision a été prise à une majorité de 7 contre 2 dissidents qui auraient préféré un geste moins agressif. La banque centrale a toutefois livré un message plus «amical» que celui de la Fed en évoquant un taux d’intérêt terminal inférieur à celui attendu sur le marché monétaire. Cette appréciation et les sombres perspectives conjoncturelles dépeintes par la Banque d’Angleterre ont favorisé une décrue des rendements des «Gilts» à court terme malgré la relèvement opéré jeudi passé. A défaut de «pivot», la banque centrale britannique laisse entrevoir une pause en 2023, alors que le Royaume-Uni devrait affronter une récession qui pourrait se prolonger jusqu’en 2024.