La Bourse suisse a entamé la semaine sur une note rouge foncé, à l'instar des autres places européennes et asiatiques. Le SMI a rechuté sous la barre des 11.500 points à son plus bas du jour, avant de se reprendre un peu en seconde partie d'après-midi.
A New York, Wall Street reculait aussi en matinée alors que surgissent des craintes de récession aux Etats-Unis et que le redressement du yen bouscule les flux d'investissement.
«En voilà fini avec l'accalmie estivale ! Les marchés boursiers sont en ébullition et les rendements obligataires plongent alors que les craintes d'une récession aux Etats-Unis se sont renforcées», a indiqué Neil Shearing, de Capital Economics.
Pour Peter Cardillo de Spartan Capital, la déroute des marchés est «le fait d'une combinaison de facteurs, entre la peur d'un ralentissement de l'économie américaine et le désengagement du carry-trade». Les fonds spéculatifs se défont de leur «carry trade», qui consistait à emprunter des yens à taux faible pour investir dans des actifs risqués, comme les actions de croissance du Nasdaq.
En outre, ces derniers mois, les données conjoncturelles solides ont donné l'illusion d'une économie américaine que rien ne peut affecter. C'est désormais terminé, ont commenté des experts. Les marchés réagissent fortement, car une récession de l'économie US est à nouveau considérée comme possible.
«Les vendeurs sont clairement aux commandes, car l'appétit pour le risque a été réduit par l'incertitude découlant des développements macroéconomiques de la semaine dernière», a souligné Pierre Veyret d'ActivTrades. «Les traders et les analystes ont été déçus par le fait que la Réserve fédérale américaine (Fed) n'a pas pris de mesures monétaires lors de sa dernière décision sur les taux d'intérêt. Les derniers chiffres du NFP américains - les plus faibles depuis la pandémie - ont alimenté l'argument selon lequel le FOMC aurait dû procéder à une réduction des taux.»
En Suisse, le baromètre de l'emploi du KOF affiche des perspectives positives, notamment dans l'industrie manufacturière, alors que des coupes d'effectifs sont attendues dans la restauration. Les entreprises prévoyant de recruter ces prochains mois sont plus nombreuses que celles planifiant une réduction d'effectifs.
Le SMI a clôturé en chute de 2,80% à 11.543,25 points, plus bas à 11.419,90 et plus haut à 11.631,35 en ouverture. Le SLI a cédé 2,74% à 1866,90 points et le SPI 2,74% à 15.376,36 points. A l'exception de VAT (+1,3%) toutes les autres valeurs vedettes ont fini dans le rouge.
Swatch (-0,2%), Logitech (-0,9%), UBS (-1,3%), Julius Bär (-1,2%), Kühne+Nagel (-1,6%) et Geberit (-1,9%) sont les seules valeurs à avoir perdu moins de 2%.
La Banque royale du Canada a raboté l'objectif de cours du géant horloger à 180 de 240 francs tout en confirmant «sector perform». Le concurrent genevois du biennois, Richemont (-2,7%) n'a pas échappé à la tendance.
Dans le camp des poids lourds, Nestlé (-2,4%) a fait un peu mieux que l'indice. Novartis (-3,3%) et Roche (bon -4,0%, porteur -4,9%) ont pesé sur l'indice.
Octavian a relevé l'objectif de cours de Novartis et confirmé «hold». L'analyste attend de voir comment Novartis parviendra à contourner l'écueil de l'expiration d'importants brevets à partir de l'année prochaine.
Sandoz (-5,4%) est la lanterne rouge du jour.
Sur le marché élargi, le numéro un mondial des cosmétiques L'Oréal est de retour chez Galderma (+1,3%), dix ans après avoir vendu sa participation. Le géant français des cosmétiques s'est emparé d'une participation de 10% dans l'entreprise zougoise, pour un montant non dévoilé. Le vendeur est Sunshine Swissco - un consortium mené par le fonds d'investissement suédois EQT -, d'Abu Dhabi Investment Authority et d'Auba Investment. L'Oréal compte ainsi reprendre pied dans le segment en forte croissance des soins injectables contre le vieillissement de la peau, alors que Galderma pourra profiter des nombreux atouts du groupe hexagonal.
La société pharmaceutique Relief Therapeutics (-1,4%) cède ses droits sur trois produits auprès du gestionnaire texan de commissions SWK, en échange de 5,75 millions de dollars en liquide dans l'immédiat. Le contrat prévoit jusqu'à 5,25 millions supplémentaires, conditionnés au franchissement de jalons commerciaux prédéfinis. (AWP)