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La BCE relève ses taux directeurs de 0,75 point de pourcentage

La Banque centrale européenne a décidé d'accélérer sa normalisation monétaire afin de lutter contre la forte inflation. Les Bourses mondiales ont basculé dans le rouge.

La décision sur cette hausse historique a été «unanime», a expliqué la présidente Christine Lagarde.
KEYSTONE
La décision sur cette hausse historique a été «unanime», a expliqué la présidente Christine Lagarde.
08 septembre 2022, 17h44
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Rattrapée par une inflation record et persistante, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé jeudi ses taux directeurs de 75 points de base, après un premier durcissement de 50 points le 21 juillet. Une première en deux décennies d'existence - hormis un ajustement technique en 1999.

Signe de la «détermination» de la BCE «face à une inflation extrêmement élevée» qui «dévie» nettement de l'objectif de 2%, la décision sur cette hausse historique a été «unanime», a expliqué sa présidente Christine Lagarde.

Le Conseil des gouverneurs a décidé d'augmenter les taux d'intérêt de ses trois outils que sont les opérations principales de refinancement, la facilité de prêt marginal et la facilité de dépôt. Ils sont portés à respectivement 1,25% (contre 0,5% précédemment), 1,50% (0,75%) et 0,75% (0%) à compter du 14 septembre, a annoncé l'institut d'émission dans un communiqué.

Inflation forte pour longtemps

En juillet, la BCE avait eu la main ferme en annonçant par surprise une hausse de 50 points de base, quand 25 points étaient attendus.Cette première hausse en plus de dix ans est intervenue après une longue période d'argent pas cher qui a permis de stimuler l'économie. La promesse était alors d'en faire autant en septembre à moins que les tensions inflationnistes refluent. Or, les prix ont grimpé en août à un niveau record de 9,1% sur un an en zone euro, très au-dessus du taux de 2% visé par la BCE et la poussant jeudi à envoyer un signal fort.

Les nouvelles tensions des prix de l'énergie depuis l'arrêt complet de la livraison de gaz russe vers l'Europe présagent même d'une inflation à deux chiffres à l'automne.Le reflux espéré de prix va donc se faire attendre, comme en témoignent les nouvelles prévisions d'inflation dévoilées jeudi, nettement relevées jusqu'en 2024. L’inflation devrait atteindre 8,1% en zone euro cette année, contre 6,8% attendu en juin. Avant de ralentir à 5,5% en 2023 et à 2,3% en 2024.

«Personne ne doit s'attendre à ce que l'inflation baisse à 2% dans les trois prochains mois», a mis en garde Mme Lagarde.Elle a aussi souligné les limites de l'action de l'institution face au choc énergétique qui fait flamber tous les coûts.La BCE «ne peut forcer une baisse du prix de l'énergie», a souligné l'ancienne ministre française.

Stagnation économique

L'institution monétaire s'attend à une «stagnation» de l'activité économique fin 2022 et début 2023, a-t-elle indiqué dans un communiqué. Elle prévoit désormais une croissance de 3,1% cette année mais seulement 0,9% en 2023, contre 2,8% et 2,1% respectivement prévus dans ses projections de juin. Une «récession» pourrait même intervenir l'année prochaine en cas de «coupure totale du gaz russe», selon Mme Lagarde.

Pour 2024, la BCE table sur un PIB en hausse de 1,9%, contre 2,1% précédemment. 

La BCE a pris du retard dans la normalisation de sa politique monétaire, comparé à la Fed, son homologue américaine, car elle était soucieuse de ne pas freiner trop brutalement l'activité économique ni de creuser les écarts de taux d'intérêt pour la dette des pays de la zone euro.Mais le ton a changé : Il faut faire preuve de «détermination» face à des prix débridés et ce «même au risque d'une croissance plus faible et d'un chômage plus élevé», avait affirmé fin août l'une des ses responsables Isabel Schnabel.

Les Bourses mondiales dans le rouge

Les Bourses mondiales partaient à la baisse jeudi après l'annonce de la hausse des taux. Sans direction à mi-séance, les indices européens passaient tous dans le rouge vers 13H40 GMT: Francfort reculait de 1,62%, Paris de 1,08%, Londres de 0,82% et Milan de 1,25%. A Zurich, le SMI cédait 0,82%.Wall Street a suivi avec une ouverture dans le négatif: le Dow Jones se repliait de 0,68%, le S&P 500 de 0,75% et le Nasdaq de 0,88%. 

L'euro en baisse, le franc stable

Sur le marché des devises, l'euro s'affaiblissait par rapport au dollar. Vers 16h25, la monnaie européenne cédait 0,45% à 0,9961 dollar, se dirigeant à nouveau vers son plus bas depuis fin 2002 atteint mardi à 0,9864 dollar. Le yen (à 144,18 yens pour un dollar) et la livre (à 1,1480 dollar) restaient proches de leurs plus bas en des décennies atteints la veille. De son côté, le franc suisse restait relativement stable (-0,83%) suite à l'annonce, à 0,9693 franc pour un euro.

Le bitcoin était de retour à la baisse (-1,40% à 19.120 dollars) après s'être un petit peu redressé mercredi.

Les prix du pétrole remontaient après leur chute de plus de 5% la veille, pris entre les craintes de récession qui affectent la demande et les tensions sur l'offre qui ne sont pas résolues.(Avec AWP)