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Faut-il se réjouir des mauvaises nouvelles?

Wall Street et le marché obligataire célèbrent l’émergence de multiples symptômes de refroidissement.

Si la Fed n’est pas pressée de réduire les taux d’intérêt, son président Jerome Powell a affirmé qu’un relèvement accru était très improbable.
Keystone
Si la Fed n’est pas pressée de réduire les taux d’intérêt, son président Jerome Powell a affirmé qu’un relèvement accru était très improbable.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
07 mai 2024, 19h30
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La semaine passée a été le théâtre d’un repli marqué des rendements en dollars américains. Après avoir culminé à 4,7%, le rendement du T-Note à 10 ans est retombé en dessous de 4,5%. Cette décrue s’est matérialisée en fin de semaine, après une réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale (Fed) dont l’issue ne faisait aucun doute. Sans surprise, la banque centrale a annoncé le maintien du taux des Fed funds entre 5,25% et 5,5% et réaffirmé sa volonté de maintenir un cap restrictif dans l’attente d’un reflux probant de l’inflation.

Faut-il se réjouir des mauvaises nouvelles?

Si la Fed n’est pas pressée de réduire les taux d’intérêt, son président Jerome Powell a affirmé qu’un relèvement accru était très improbable. La Fed s’achemine donc vers un assouplissement différé par la persistance de l’inflation durant le premier trimestre 2024. Le ralentissement du processus de «resserrement quantitatif», opéré par le biais d’une réduction marquée du plafond des remboursements mensuels de 60 à 25 milliards de dollars, constitue une mesure favorable aux marchés financiers. En effet, une limite révisée à la baisse conduira la Fed à drainer moins de liquidités et à acheter davantage d’emprunts du Trésor, ce qui devrait exercer une pression à la baisse sur les rendements.

La posture bienveillante de la Fed n’est toutefois pas la seule raison du déclin des rendements observé la semaine passée. Plusieurs indicateurs mettant en lumière une dégradation de la marche des affaires et un relâchement du marché du travail ont aussi joué un rôle important. Les enquêtes de l’ISM signalent un ralentissement de l’activité tant pour le secteur manufacturier (PMI en repli de 50,3 en mars à 49,2 en avril) que du côté des services (49,4 en avril après 51,4 en mars). Le déclin de sept points de l’indice de confiance des ménages du Conference Board semble lié au relâchement du marché de travail reflété par le recul graduel des postes vacants et le rapport de l’emploi publié vendredi passé.

Un «atterrissage en douceur»

Estimées à 175.000, les créations d’emplois ont sensiblement ralenti en avril. Le redressement du taux de chômage de 3,8% à 3,9% et l’érosion de la durée de travail hebdomadaire traduisent une modération de l’activité compatible avec un «atterrissage en douceur» de l’économie américaine. Il n’en fallait pas davantage pour raviver l’espoir d’une première réduction du taux d’intérêt directeur en septembre et provoquer un reflux des rendements ainsi qu’un rebond des actifs risqués. Dans un contexte inflationniste, les symptômes de ralentissement sont bien accueillis aussi longtemps qu’ils n’augurent pas d’une récession.

En Europe, les rendements en euros sont aussi orientés à la baisse. En excluant les prix de l’énergie, le reflux de l’inflation s’est poursuivi en avril pour s’établir à 2,7% en glissement annuel. Epine dans le pied de la Banque centrale européenne (BCE), l’augmentation des prix des services a fléchi de 4,0% à 3,7%. L’estimation préliminaire de la croissance du PIB au premier trimestre traduit une reprise un peu plus vive qu’espéré, avec une expansion de 0,3% succédant à une période de stagnation. L’actualité récente demeure compatible avec une baisse des taux d’intérêt en juin, conformément aux nombreux signaux émis par la présidente Christine Lagarde, les gouverneurs et le chef économiste de la BCE.

Alors que les emprunts en livres sterling affichent des rendements en baisse, les emprunts en francs suisses présentent des rendements stables. L’accélération de l’inflation observée en avril (0,3% mensuel, 1,4% en glissement annuel) pourrait inciter la Banque nationale suisse (BNS) à faire preuve de retenue même si une baisse accrue du taux d’intérêt en juin semble encore très probable.