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Deux c’est assez, trois c’est trop

La persistance avérée des tensions inflationnistes aux Etats-Unis pousse les rendements à la hausse.

La croissance soutenue des ventes au détail en mars (0,7% après 0,9% en février) défie, encore une fois, les pronostics de modération de la consommation privée qui devrait résulter d’un épuisement de l’épargne excédentaire accumulée durant la pandémie de Covid-19.
Keystone
La croissance soutenue des ventes au détail en mars (0,7% après 0,9% en février) défie, encore une fois, les pronostics de modération de la consommation privée qui devrait résulter d’un épuisement de l’épargne excédentaire accumulée durant la pandémie de Covid-19.
François Christen
One Swiss Bank à Genève
16 avril 2024, 19h15
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Très attendus, les chiffres d’inflation publiés la semaine passée aux Etats-Unis se sont révélés supérieurs aux prévisions pour le troisième mois consécutif. Hors énergie et alimentation, l’indice des prix à la consommation affiche en mars une augmentation de 0,4%, comme en janvier et en février. L’inflation sous-jacente annuelle s’établit à 3,8%, comme le mois précédent. L’inflation reste soutenue du côté des services et de l’indice «supercore» (services sans l’énergie et logement) qui présente une progression annualisée de 8,2% au premier trimestre. Les prix à la production affichent en revanche une augmentation modérée (0,2% mensuel, 2,1% en glissement annuel), compatible avec un scénario de désinflation.

La croissance soutenue des ventes au détail en mars (0,7% après 0,9% en février) défie, encore une fois, les pronostics de modération de la consommation privée qui devrait résulter d’un épuisement de l’épargne excédentaire accumulée durant la pandémie de Covid-19.

Une remise en question

La persistance de l’inflation remet sérieusement en question la trajectoire des taux d’intérêt et les projections dévoilées le 20 mars par le comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale (Fed). Confrontés à un marché du travail tendu, les banquiers centraux n’ont aucune raison de réduire les taux d’intérêt alors que l’inflation continue à évoluer bien au-dessus de l’objectif de 2%. Les «futures» liés au taux des Fed funds ne préfigurent plus que deux baisses du taux directeur d’ici à la fin de l’année, bien loin du scénario farfelu qui avait les faveurs de la cote en décembre passé (sept baisses du taux directeur et un premier geste en mars).

Sur le marché obligataire, les pendules ont été remises à l’heure à la lumière de nombreux indicateurs qui montrent que l’économie américaine poursuit une expansion robuste et que le combat contre l’inflation n’est pas encore gagné. Toujours orienté à la hausse, le rendement du T-Note à 10 ans s’est redressé aux environs de 4,6% tandis que celui du T-Note à 2 ans se rapproche de 5%.

Deux c’est assez, trois c’est trop

En Europe, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a maintenu ses taux d’intérêt directeurs inchangés, conformément aux attentes. Le communiqué et les déclarations de la présidente Christine Lagarde laissent toujours entrevoir la possibilité d’une première réduction des taux le 6 juin, dans des termes très prudents et sans le moindre pré-engagement quant à la trajectoire des taux d’intérêt. Un reflux accru de l’inflation dans la zone euro devrait néanmoins inciter la BCE à ne pas attendre la Fed pour fixer un cap monétaire moins restrictif et stimuler une économie stagnante. Sur le marché des capitaux en euros, les emprunts gouvernementaux présentent des rendements stationnaires, sous les effets contradictoires de la persistance de l’inflation aux Etats-Unis et de l’escalade des tensions entre Israël et l’Iran.

Hors zone euro, les rendements des emprunts en francs suisses ont légèrement baissé, à la différence des rendements en livres sterling qui ont poursuivi leur rebond sous l’influence des Etats-Unis. Les primes de risque de crédit sont reparties à la hausse, mais restent largement inférieures aux niveaux qui prévalaient en début d’année. En phase avec le marché des actions, les emprunts d’entreprises sont toujours valorisés dans la perspective d’un atterrissage en douceur qui reste incertain.