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De la crise sanitaire à la stagflation?

Le dérapage de l’inflation semble voué à se prolonger, mais les risques de stagnation sont faibles.

François Christen
One Swiss Bank à Genève
05 octobre 2021, 22h10
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Après plusieurs mois de «bull market» conduisant les indices boursiers vers des sommets historiques, septembre marque une rupture indigeste pour les investisseurs qui ont subi des pertes tant sur les actions que sur les obligations. Pour tirer son épingle du jeu, il fallait privilégier les matières premières et les placements monétaires, les catégories d’actifs les plus adéquates pour affronter un épisode de stagflation.

La semaine écoulée est toutefois marquée par un timide rebond des actions et un retour au calme précaire sur le marché des capitaux en dollars US. Le rendement du «T-Note» à dix ans a reflué aux environs de 1,5% après avoir culminé à 1,55% mardi passé. Ce déclin n’est pas bien étayé par les développements conjoncturels, plutôt réjouissants. L’indice ISM consacré au secteur manufacturier met en lumière un renforcement de l’activité (61,1 en septembre après 59,9 en août) qui pourrait préfigurer une accélération de la croissance au quatrième trimestre. Les sous-indices consacrés aux prix (81,1 après 79,9) et aux livraisons des fournisseurs (73,4 après 69,5, de plus en plus lentes) traduisent des tensions croissantes dans la chaîne d’approvisionnement.

L’amélioration de la confiance des consommateurs (72,8 en septembre après 70,3) pourrait annoncer un renforcement et un rééquilibrage vers les services des dépenses des ménages à la faveur du reflux de la quatrième vague de «Covid-19». La progression des commandes à l’industrie préfigure également une croissance robuste, encore loin de la stagflation prophétisée par certains stratèges. En attendant le rapport de l’emploi qui sera publié vendredi prochain, les développements conjoncturels et sanitaires récents devraient inciter le FOMC à annoncer une réduction des achats d’actifs dès la réunion du 2 et 3 novembre.

De la crise sanitaire à la stagflation?

Un accord minimaliste

En matière fiscale, le Congrès n’a toujours pas accepté le paquet de 1000 milliards consacré aux infrastructures. Divisée, la majorité démocrate ne parvient pas à s’accorder sur l’ampleur et les modalités de financement du programme consacré aux mesures sociales et environnementales (censé totaliser 3500 milliards). Le Congrès a toutefois trouvé un accord minimaliste pour suspendre, jusqu’au 3 décembre, le plafond de la dette et éviter la fermeture de certains services de l’administration fédérale et un défaut, hautement improbable, du Trésor US. Quelle que soit l’issue de ces âpres négociations, les USA s’acheminent vers un «mix» monétaire et fiscal moins stimulant que celui qui a été mis en œuvre en réponse à la pandémie de Covid-19.

Des tendances «stagflationnistes»

En Europe, on observe aussi des tendances «stagflationnistes» exacerbées par l’envol des cours du gaz naturel, du charbon et du pétrole. En glissement annuel, l’inflation a atteint 3,4% en septembre. Hors énergie et alimentation, la progression des prix à la consommation s’établit à 1,9%. De tels rythmes n’avaient plus été observés depuis 2008. Ironiquement, il aura fallu une pandémie pour permettre à la BCE d’atteindre un objectif qui semblait inatteignable malgré une succession de programmes d’assouplissement quantitatif.

Les indicateurs conjoncturels demeurent bien orientés. L’indice composite du sentiment économique de la Commission Européenne a légèrement progressé pour s’établir à 117,8 en septembre, tout près du sommet historique de 119 atteint en juillet. La reprise de la zone euro s’est donc poursuivie au troisième trimestre, malgré le rebond des cas de Covid-19 imputable au variant «Delta». Sur le marché des capitaux en euros, on observe une stabilisation des rendements, en phase avec les USA. Le rendement du «Bund» allemand a évolué dans une fourchette étroite aux environs de 0,2%. Hors zone euro, le rendement du «Gilt» britannique a franchi 1% pour atteindre un niveau qui n’avait plus été observé depuis mai 2019. Andrew Bailey, Gouverneur de la Banque d’Angleterre, a laissé entendre que la Banque d’Angleterre pourrait relever son taux d’intérêt directeur dans un avenir proche, peut-être avant la fin du programme d’achats d’actifs prévue en décembre.