La Banque nationale suisse (BNS) semble toujours préoccupée par le niveau de l’inflation malgré le déclin pourtant très net des indices de prix qui ont poussé le CPI annuel (1,6%) en dessous de son objectif (2%). Elle envisage toujours de nouvelles hausses pour s’assurer du contrôle du niveau des prix en dessous de 2%. Pourtant les hausses de salaires dans les douze prochains mois devraient rester contenues à environ 2%, selon les dernières estimations du KOF.
La hausse récente du franc continue aussi de favoriser un contrôle des prix importés en déclin de 0,6% sur un an. La BNS conserve un biais haussier, alors qu’elle apparaît désormais beaucoup plus pessimiste sur l’évolution prochaine de l’inflation que l’ensemble des économistes suisses. Avec une prévision de 2,2% pour 2024, celle-ci est en effet très au-dessus de l’estimation de seulement 1,5% du consensus. Avec des taux directeurs (1,75%) au-dessus de l’inflation publiée pour juillet de 1,6%, la BNS pourrait déjà considérer que son action a été couronnée de succès sans envisager de nouvelles hausses dans l’immédiat. Le consensus s’attend en effet à une nouvelle hausse de 0,25 point de pourcentage à 2% en septembre. D’autant qu’en un an de resserrement monétaire, la BNS a également été très active à la réduction de la taille de son bilan. Les réserves de changes qui avaient atteint 946 milliards de francs en janvier 2022 ont été drastiquement réduites de 26% en dix-huit mois à 697 milliards. Par ailleurs, le total des dépôts à vue a aussi chuté de 35% de 754 à 474 milliards.
La politique monétaire de la BNS est plus restrictive qu’il n’y paraît également en comparaison avec celle de la Réserve fédérale américaine, qui n’a réduit la taille de son bilan que de 8%. La résilience de l’économie suisse est remarquable à ce jour, mais l’évolution du PMI manufacturier en chute libre à seulement 38,5 en juillet suggère un retour des difficultés qui ne devrait pas laisser indifférente la BNS. Nous estimons donc que les taux directeurs devraient être abaissés bien avant le quatrième trimestre 2024 comme elle l’envisage pour l’instant.