Ce qui était censé être un confinement de huit jours s’est étalé sur deux mois pour la capitale économique chinoise. Shanghai a assoupli les restrictions sanitaires en début du mois et ses 25 millions d’habitants s’efforcent d’oublier ces semaines surréalistes en renouant avec leurs quotidiens prépandémiques.
Si les mesures restrictives, faisant partie du plan «Zéro-Covid», ont pu limiter le nombre de décès au niveau national, les données récentes ne font que confirmer que l’activité économique s’est retrouvée brutalement à l’arrêt au cours des mois d’avril et de mai. Conséquence: la croissance économique du deuxième trimestre risque d'être nulle, voire négative, ce qui s’est produit qu’à deux reprises depuis 1976.
Dès lors, l’objectif de croissance de 5,5% fixé initialement pour 2022 s’avère irréaliste, même si une reprise au troisième trimestre est particulièrement importante et souhaitée par le régime chinois car elle aura lieu juste avant le congrès national du Parti communiste chinois de cet automne.
Passer en mode «whatever it takes»
Si le gouvernement chinois a adopté un ton plus accommodant sur sa politique économique depuis novembre 2021, les mesures de relance qui ont suivies étaient peu convaincantes et en décalage avec le discours de soutien à l’économie. Mais depuis, l’ampleur des dégâts économiques causés par le confinement et les incertitudes liées à la crise ukrainienne ont contraint la mise en place d’une liste d’actions plus agressives.
Depuis la mi-mai, la banque centrale chinoise a, entre autres, réduit les taux hypothécaires à deux reprises. Cette décision mérite d’être soulignée car il s’agit du premier geste dans ce cycle destiné à soutenir le secteur immobilier. En même temps, la réitération du message de soutien aux dirigeants de la tech vise clairement à apaiser les inquiétudes des investisseurs et à réaffirmer le fait que le pic de la répression réglementaire est désormais derrière.
Se guérir du pessimisme
La priorité est clairement accordée à la stabilisation de l’économie pour le reste de l’année. Tout comme en mars 2020, les marchés boursiers ont tendance à rebondir dès qu’ils sont persuadés de la volonté, ou de la générosité, des banques centrales. Ceci indépendamment de l’état de l’économie. En effet, les perspectives économiques en Chine aujourd’hui sont si critiques qu’une intervention massive semble devenue inévitable. De façon contre-intuitive, l’économie s’est tellement affaiblie qu’elle est devenue constructive pour le marché boursier.
Ces promesses de relance, couplées à l'assouplissement des mesures de restriction, semblent avoir contribué au regain d’intérêt des investisseurs. Après douze mois mouvementés, la surperformance des dernières semaines du marché domestique chinois et de sa côte technologique pourraient bien signaler que le pessimisme, qui a dominé le sentiment des investisseurs, a peut-être enfin atteint son apogée.