Sur les marchés, il n’y a pas si longtemps encore, la question était de savoir si la première baisse de taux directeurs, au premier trimestre, serait à l’initiative de la Réserve fédérale américaine (Fed) ou bien de la Banque centrale européenne (BCE) 2024.
Au second semestre 2023, l’inflation a chuté, se rapprochant de la fourchette cible voulue par les banques centrales. La conjoncture de la zone euro était alors grippée depuis l’été précédent, et la conjoncture américaine, qui avait jusqu’alors surpris par sa résilience, montrait de premiers signes de fragilité.
Il faut oublier mars
Pourtant, depuis janvier, les attentes ont été brusquement douchées s’agissant du coup d’envoi des baisses des taux chez les grandes banques centrales. En d’autres termes: il faut oublier mars, cap sur le mois de juin.
D’une part, en Europe, les indicateurs économiques laissent enfin entrevoir le bout du tunnel pour la conjoncture industrielle. D’autre part, le recul de l’inflation a nettement ralenti. Toutefois, le doute plane sur la trajectoire réelle de l’inflation, dont on espérait qu’elle poursuivrait sa baisse et passerait rapidement sous la barre des 2%.
En outre, au vu des récentes déclarations des présidences des banques centrales, les autorités monétaires attendent plus d’éléments démontrant que l’inflation peut être vraiment maîtrisée. Les marchés s’attendent donc à un démarrage plus tardif du cycle de baisse des taux et on peut désormais s’attendre à ce que la Fed et la BCE entament leurs premières baisses de taux en juin.
Au même diapason
Il serait donc plutôt surprenant que la Banque nationale suisse (BNS) prenne les devants et annonce cette semaine une baisse des taux dès mars. En effet, le franc s’est quelque peu affaibli depuis le début d’année, après avoir atteint des sommets par rapport à l’euro et au dollar américain.
Il est vrai qu’une baisse des taux anticipée pourrait accélérer la dévalorisation du franc, mais elle attiserait à nouveau l’inflation dans le sillage de l’inflation importée. Il semble donc plus probable que la BNS ne procède pas à une première baisse des taux avant le mois de juin et se mette ainsi au diapason de la Fed et de la BCE.
Pas de perturbation majeure
Si on part du principe que l’économie mondiale va s’affaiblir graduellement et négocier un atterrissage en douceur, on peut tabler sur environ trois baisses de taux de 25 points de base jusqu’à fin 2024.
De ce fait, si les principales banques centrales fléchissaient leurs taux directeurs au même rythme et sans heurts, on ne devrait pas subir de perturbations majeures dans les parités USD-EUR-CHF. Devant un tel scénario, on s’attend à ce que la parité USD/CHF se négocie dans une fourchette de 0,85 à 0,90 et à ce que la parité EUR/CHF suive une évolution latérale, entre 0,95 et 1.