Que va décider la Banque nationale suisse (BNS) ce jeudi? On s’attend à ce qu’elle suive les autres banques centrales et qu’elle augmente son taux directeur de 75 points de base à désormais +0,5%. Il y aurait ainsi en Suisse, pour la première fois depuis bientôt huit ans, à nouveau des taux d’intérêt positifs à l’extrémité courte de la courbe.
Reconsidérer les placements à revenu fixe
De manière générale, les rendements sur les placements à revenu fixe en francs ont substantiellement augmenté par rapport à il y a encore un an. Ce relèvement général des taux s’est accompagné d’une nette chute des cours des obligations. Fait plutôt rare, les actions et les obligations ont ainsi enregistré des reculs synchrones au premier semestre, mettant à mal les effets positifs habituels des obligations en matière de diversification des portefeuilles.
Après ces baisses et au vu des rendements à nouveau nettement positifs, les placements à revenu fixe refont leur apparition parmi les classes d’actifs à considérer. En revanche, le récent yoyo des taux à long terme sur les marchés de capitaux a montré que le contexte pourrait encore rester volatil. Actuellement, la pression sans cesse haussière sur les rendements pousse à privilégier, dans les segments favoris, la partie courte à moyenne de la courbe, ainsi que les nouvelles émissions, qui offrent en ce moment une prime.
Les risques d’une hausse plus soutenue
Concernant la BNS, quelques observateurs ont même récemment évoqué la possibilité d’un nouveau relèvement du taux d’un point de pourcentage. La BNS devrait tout de même réfléchir aux effets qu’elle produirait sur les cours de change par une hausse plus soutenue que celle de ses homologues en Europe et aux Etats-Unis. En effet, le franc pourrait alors continuer à s’apprécier. Si cela aiderait à amortir l’inflation, il est aussi probable que les pertes de plus de 95 milliards de francs portées au bilan de la BNS au premier semestre augmenteraient encore.
Mi-2022, la BNS disposait toujours de quelque 100 milliards de francs de fonds propres. Une combinaison d’évolutions défavorables sur les marchés financiers pourrait les épuiser, et donc tarir les distributions à la Confédération et aux cantons. Les milieux politiques qui pensaient possible d’assainir les institutions sociales avec les ressources de la BNS sont donc depuis probablement revenus à la réalité.