Röstigraben au menu! On le savait, Romands et Alémaniques ne logent pas à la même enseigne en matière d’infrastructures. Ferroviaires notamment, et ce depuis plusieurs décennies. Budgets rationnés, répartitions privilégiées dues à des lobbyings plus agressifs que d’autres, topographie davantage chahutée et, enfin, projets plus ou moins aboutis.
Soyons honnêtes, nos exécutifs cantonaux ont souvent perdu leur billet pour Berne au moment de peser sur les décisions. Ironie de la situation, il s’agissait avant tout de conseillers d’Etat Verts. Depuis, certains élus fédéraux romands sont parvenus à rattraper ce retard…
Mais le naturel confédéral semble revenir au galop. Dernièrement, nous apprenions qu’une année après le premier coup de pioche, une centaine d’obstacles techniques non levés par l’Office fédéral des transports (OFT) bloquent encore et toujours le cœur des travaux de modernisation de la gare de Lausanne. Cette nouvelle gare constitue pourtant la pierre angulaire du programme Léman 2030. Sa réalisation doit permettre d’y accueillir 200.000 voyageurs et pendulaires – contre 120.000 aujourd’hui –, grâce à l'élargissement des quais et à la construction de trois passages sous-voies. Sur le trajet de la réalisation de ce projet, devisé à 1,3 milliard de francs, il semblerait malheureusement que le train soit arrêté aux stations fédérales «zèle» et «formalisme», sans parler de «tension OFT-CFF». Tout le landerneau politique s’en émeut… suite au prochain arrêt.
Autre exemple: «La Suisse occidentale définitivement décrochée», tel est le titre explicite du communiqué du 1er juillet de la Conférence des transports toponyme, réunissant les conseillers d’Etat en charge de ce dossier. En résumé, est pointé du doigt l’abandon par les CFF d’une nouvelle technologie qui remet en question, entre autres, la réduction du temps de parcours entre Lausanne et Berne. Et, par ricochet, sur l’ensemble du réseau occidental. Adieu veau, vache… donc. Cette annonce vient encore alourdir les retards pris sur cette ligne depuis plus de quarante ans.
Deux nouvelles, un même constat! L’Arc lémanique, poumon économique de la Suisse – devant Zurich, osons le dire –, mérite mieux que les réflexes administratifs bernois. A l’échelle suisse, les défis de transports et climatiques ne connaissent pas de frontières. A se demander si l’infrastructure prioritaire ne devrait pas être un pont sur le Röstigraben, pour éviter que le prochain «arrêt» de notre région ne soit la voie de garage.