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Le train est à la traîne!

Les Suisses continuent de largement préférer la voiture au rail. Explications. Par Xavier Comtesse

«La logique réclamerait au contraire des horaires en fonction de la fréquentation et les lieux à desservir par les transports publics.»
KEYSTONE
«La logique réclamerait au contraire des horaires en fonction de la fréquentation et les lieux à desservir par les transports publics.»
Xavier Comtesse
Manufacture Thinking - Mathématicien et président
18 décembre 2023, 15h00
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Enorme! Une information, que vient de publier l’Office fédéral de la statistique, montre que la fréquentation des chemins de fer a diminué ces dernières années. Les chiffres sont inférieurs à ceux d’avant la pandémie. Cela signifie-t-il un changement profond de comportement des citoyens? Trop tôt pour le dire, mais certainement les choses ne vont pas dans le sens voulu par les politiciens verts (de tout bord). Pour preuve: la voiture reste le moyen de transport privilégié par 74% des Suisses (contre 11% pour le rail).

Il y a donc, une grande différence entre la réalité perçue et la réalité tout court. Les Suisses préfèrent toujours et encore être indépendants. Les raisons sont multiples, mais le prix beaucoup trop élevé des transports publics est une raison centrale. En effet, avant les augmentations récentes la Suisse pratiquait déjà les tarifs les plus élevés du monde.

En termes de coût des transports publics, les villes ne font pas mieux. Zurich, Genève en tête. Mais il n’y a pas que le prix: il y a aussi la fréquence et le nombre de liaisons ferroviaires, l’accès aux gares (la place de la gare de Neuchâtel est dans ce sens un exemple catastrophique), le parking (beaucoup trop cher jusqu’à 20 francs la journée), etc. Les responsables peuvent revoir leur copie en essayant une fois de répondre à la demande et de ne pas essayer de forcer des comportements non souhaités par les citoyens.

L’offre se pense de manière indépendante de la demande par des politiciens cherchant à imposer leur volonté à un peuple qui, d’après eux, n’y comprend de toute façon rien

Xavier Comtesse

On s’est beaucoup insurgé (à juste titre) sur le retard pris par les CFF en termes d’infrastructures ferroviaires et de rénovation des gares, mais c’est sans oublier la totale inéquation entre la demande et l’offre. En Suisse, l’offre se pense de manière indépendante de la demande par des politiciens cherchant à imposer leur volonté à un peuple qui, d’après eux, n’y comprend de toute façon rien. Résultat: il prend la voiture!

L’offre du service public est aberrante. Quelques exemples parmi une liste interminable devraient vous convaincre: un trajet simple en bus dans la ville de Neuchâtel coûte 2,4 francs (soit 4,8 francs pour un aller/retour depuis votre domicile pour aller au centre-ville, ce qui doit être pas loin du record mondial). Tout simplement dissuasif. Pour aller de Delémont à l’aéroport de Genève, il faut maintenant changer de train à Bienne, peu pratique avec des bagages. Le trajet Lausanne-Genève est bondé aux heures de pointe alors qu’il n’y a presque personne entre Sierre et Sion aux mêmes heures. C’est le résultat de deux idées fausses: égalité de traitement sur tout le sol national et l’horaire cadencé. La logique réclamerait au contraire des horaires en fonction de la fréquentation et les lieux à desservir par les transports publics. Les tarifs des parkings des gares dans toute la Suisse romande sont prohibitifs. Les retards nombreux et donc les correspondances sont de plus en plus aléatoires, etc.

Dans une révision complète du fonctionnement des transports publics, il faudrait établir des principes de bases qui tiennent compte d’abord de la demande, ensuite qui soit adaptée à la situation urbaine ou rurale et qui dépendent des heures de la journée (heures de pointe). Donc tout le contraire du système actuel basé sur l’horaire cadencé, l’égalité et la cherté.

Il faut donc abandonner ces approches doctrinaires qui sont l’expression de politiques volontaristes mais peu réalistes. Le chemin de fer va mal, il est à la traîne!