• Vanguard
  • Changenligne
  • FMP
  • Rent Swiss
  • Gaël Saillen
S'abonner
Publicité

Universitaire n’est pas synonyme de réussite

L’égalité des chances n’est pas qu’un principe important, c’est un facteur de réussite pour le pays. Par Baptiste Müller

«L’attention n’est portée qu’aux titres académiques, comme si la réussite ne se mesurait qu’à l’accomplissement d’études universitaires.»
KEYSTONE
«L’attention n’est portée qu’aux titres académiques, comme si la réussite ne se mesurait qu’à l’accomplissement d’études universitaires.»
Baptiste Müller
Centre patronal - Responsable de l’action politique
29 août 2024, 18h30
Partager

La récente étude de l’Université de Berne intitulée «Transitions de l’école à l’emploi (TREE)» a fait couler beaucoup d’encre, dans la mesure où elle met en lumière la grande disparité d’accès aux études académiques entre les jeunes avec des parents universitaires et les autres. Ainsi, les premiers sont 33% à avoir obtenu un bachelor ou un master à 30 ans alors que les seconds n’atteignent que 19%.

Ce phénomène de réplication n’est pas nouveau: il n’est pas rare de constater que la fille du paysagiste embrasse la même profession ou que les enfants d’architectes EPFL suivent la même voie. Il est aussi évident que les parents qui parlent la langue du pays, qui connaissent bien le système éducatif, qui font lire leurs enfants, qui réalisent les devoirs avec eux ou qui ont les moyens de financer des cours d’appui leur offrent un excellent départ.

L’égalité des chances n’est pas qu’un principe important, c’est un facteur de réussite pour le pays. Il n’est jamais heureux de gaspiller le potentiel des jeunes en formation. Les employeurs y sont particulièrement attachés et militent pour un système de formation ouvert, avec des appuis et programmes pour les élèves en difficulté, offrant de nombreuses passerelles et la possibilité d’effectuer des formations continues ou supérieures.

Le véritable facteur de «réussite» réside dans la poursuite de formations supérieures et continues

Baptiste Müller

Dans le cas d’espèce, les réactions de certains observateurs à cette étude sont consternantes. Ainsi, on a pu lire dans un grand quotidien que «le système éducatif suisse est conçu de manière que les enfants issus de ménages privilégiés en profitent particulièrement» ou que «le passage au gymnase est décisif pour une éventuelle réussite éducative ultérieure». L’attention n’est portée qu’aux titres académiques, comme si la réussite ne se mesurait qu’à l’accomplissement d’études universitaires!

La formation professionnelle permet de très belles carrières et offre de nombreuses possibilités de formation supérieure, professionnelle ou académique. Elle permet de s’accomplir personnellement, professionnellement et, osons le dire, financièrement tout aussi bien que l’université. Le véritable facteur de «réussite» réside dans la poursuite de formations supérieures et continues. C’est sur cet axe qu’il faut mettre l’accent.

On a pu lire de surcroît que «l’école discrimine les enfants issus de ménages peu instruits» et que «si les enfants de parents ayant un faible niveau d’éducation sont explicitement encouragés, il se peut que les parents universitaires en fassent tout simplement davantage pour leurs enfants». C’est à n’y rien comprendre, l’école discrimine alors qu’elle encourage spécifiquement les enfants de parents ayant un faible niveau d’éducation (lisez: non-universitaires donc incapables)? Ce serait donc la faute des universitaires qui en font trop pour leurs enfants?

Après 30 ans de politiques publiques lémaniques nous amenant de plus en plus au «bac pour tous» à la française, il serait temps d’oublier ces vieux réflexes et de faire ce simple constat: «l’ascenseur social» ne passe pas forcément par l’université.