Confirmé par la COP climat 28 tenue à Dubaï à travers sa conclusion de «transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, de manière juste, rationnelle et équitable», le thème de la transition est désormais bien présent dans les débats. Mais que faut-il entendre par là? Sortir des énergies fossiles nécessite de toute évidence de mobiliser d’autres domaines d’action, tant la question climatique et énergétique ne peut être séparée des politiques urbaines, agricoles, forestières, de l’habitat, de la mobilité, de l’éducation, de la santé...
Et plus fondamentalement il y a la nécessité pour l’économie de s’inscrire dans ce qui la rend possible: les fonctionnalités des systèmes naturels – et dans ce qui la légitime: une claire hiérarchie des besoins. C’est là une mutation du même ordre que celle qui a permis au milieu du XXe siècle au monde industrialisé de passer de la pénurie à l’abondance – changements systémiques qui libéreront aussi l’économie de la pression d’une constante fuite en avant.
D’excellentes perspectives pour l’emploi
Plus concrètement, il s’agit de passer de l’obsolescence et du gaspillage à la circularité de la matière et des objets; des énergies fossiles et fissiles aux sources renouvelables et à la sobriété dans les usages; de la sous-enchère globale au commerce équitable et à la résilience locale; de la finance tous azimuts à la finance durable; de l’agriculture industrielle à l’agroécologie – seule façon de nourrir une population croissante sans dégrader les sols, le climat et la condition paysanne; de la multiplication des molécules écotoxiques aux substances à l’innocuité établie et aux effets maîtrisés; de la priorité à l’aéronautique et à la route au (re)déploiement du ferroviaire.
Fait insuffisamment connu, la transition écologique présente un excellent bilan en matière d’emplois et de perspectives économiques. En 2019, l’ONU signalait que la mise en œuvre de son Agenda 2030 nécessiterait «380 millions de nouveaux emplois d’ici à 2030». Aux Etats-Unis, les énergies renouvelables offrent 24 fois plus d’emplois (1 million) que l’extraction du charbon (42.000). Quant à l’économie circulaire, l’Union européenne estime qu’elle générerait 700.000 emplois en Europe d’ici à 2030.
7000 milliards de dollars par an
Dans de nombreux pays, la transition énergétique se heurte à un important manque de main-d’œuvre et, selon l’Organisation internationale du travail (OIT), présente un solde positif de 18 millions d’emplois – et de 7 millions pour l’économie circulaire. Pour la France, le secrétariat à la planification écologique annonçait en février 2024 que si 150.000 emplois étaient perdus d’ici à 2030 en raison de la transition écologique, celle-ci en créerait 400.000 nouveaux.
Les nécessités de financement de l’Agenda 2030 ont été estimées à environ 7000 milliards de dollars par an, soit moins de 7% du PIB mondial. Un investissement qui reste modeste comparé aux dommages du seul changement climatique, estimés à 20-30% du PIB mondial autour de 2050; on pourrait presque le considérer comme la prime d’assurance à payer pour limiter les désastres écologiques, économiques et sociaux à venir. D’autant plus qu’il ne s’agit pas de chercher des fonds supplémentaires, mais de réorienter les investissements privés et publics affectés à des domaines non durables vers la durabilité.
Alors qu’attend-on?