Le 22 novembre est le dernier jour de la COP29 – la conférence qui gère l’Accord de Paris au sein des Nations unies – qui se tient cette année à Bakou en Azerbaïdjan. Les météorologistes ont déjà constaté que 2024 sera l’année la plus chaude jamais observée. Ceci devrait provoquer un redoublement des efforts au niveau mondial afin d’accélérer la transition énergétique. Malgré cela, la vaste majorité des 196 pays qui ont signé l’Accord de Paris continuent à subventionner la production et la consommation de pétrole.
L’élection de Donald Trump, le fait qu’il entende maximiser la production de pétrole aux Etats-Unis, ainsi que son scepticisme concernant le changement climatique, suggèrent que la production des énergies renouvelables va en souffrir et ne bénéficiera plus de soutien du gouvernement fédéral américain. Ceci est un très grand problème pour les compagnies aériennes, car les carburants d’aviation durables dont elles dépendent pour décarboner le secteur sont très majoritairement produits aux Etats-Unis. Aucun autre pays n’a fait autant jusqu’ici pour stimuler la production de carburants durables pour l’aviation.
Résoudre le défi de la transition énergétique pour l’aviation contribuera également à résoudre en grande partie ce défi pour l’économie au sens large. En effet, pour répondre aux besoins en carburants d’aviation durables (ou biocarburants), il va falloir construire des bioraffineries qui vont produire plusieurs produits, dont les carburants d’aviation durables. Mais le kérosène ne représente en moyenne qu’environ 8% de la production des raffineries dans le monde, les besoins des compagnies aériennes étant très largement relégués au second plan, après ceux des transports routiers et du chauffage domestique.
Le FMI calcule qu’en 2022, 7000 milliards de dollars ont été versés par les gouvernements dans le monde sous forme de subventions pour la production et la consommation de pétrole
Marie Owens Thomsen
Les besoins d’investissement pour construire les bioraffineries nécessaires à satisfaire la demande des transports aériens pourraient se situer entre 4000 et 8000 milliards de dollars sur l’ensemble de la période d’ici à 2050. Au regard de la faible part des carburants d’aviation dans la production des raffineries, jusqu’à 90% de ces investissements vont bénéficier à d’autres industries. D’où viendront les sommes nécessaires? Ne cherchons pas plus loin que les subventions qui bénéficient actuellement au secteur pétrolier.
Le Fonds monétaire international (FMI) calcule qu’en 2022, 7000 milliards de dollars ont été versés par les gouvernements dans le monde sous forme de subventions pour la production et la consommation de pétrole. Cette somme annuelle se répartit à hauteur de 6000 milliards de dollars alloués à la consommation et 1000 milliards de dollars directement aux sociétés pétrolières. Avec l’équivalent d’une seule année de subventions, il serait possible de couvrir la quasi-totalité des besoins d’investissement pour produire quantité d’énergies renouvelables, y compris celle de carburants d’aviation durables nécessaires pour les 26 prochaines années. Les subventions en faveur des compagnies pétrolières d’une seule année représentent 14% des besoins d’investissement d’ici à 2050. En sept ans, ces sommes annuelles pourraient couvrir le coût de la transition énergétique de l’aviation.
Après 29 COP annuelles, le temps est bel et bien venu pour les gouvernements de mettre en accord leurs paroles et leurs actes. Il n’est plus possible d’ignorer cette incohérence monumentale. Les subventions en faveur du pétrole représentent une aberration à laquelle il faut mettre fin dès maintenant.