La technologie bouleverse notre monde à une vitesse vertigineuse, offrant à la fois espoir et nouveaux défis, notamment face à la crise climatique et à l’essor de l’intelligence artificielle (IA). Pourtant, à peine plus de la moitié de la population mondiale fait confiance aux institutions multilatérales telles que les Nations unies pour relever ces défis. Cette année, marquée par le 160e anniversaire de l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’agence de l’ONU pour les technologies numériques nous offre l’occasion idéale de réaffirmer l’importance vitale de la coopération, en particulier pour façonner notre avenir digital. Et il n’y a pas de meilleur endroit pour le faire qu’ici, à Genève.
Bien des choses ont changé depuis la création de l’UIT, 16 décennies plus tôt. En 1865, notre organisation s’appelait alors l’Union télégraphique internationale et constituait l’un des premiers exemples de collaboration entre pays sur des questions non militaires. Cette date sonnait aussi le début des efforts modernes de coordination des télécommunications à travers les frontières. Depuis, les télégraphes ont cédé la place aux satellites, à l’IA et à l’informatique quantique. Notre siège a été déplacé à Berne, puis à Genève, où nous surplombons désormais la place des Nations.
En 2025, la technologie est plus que jamais le moteur du progrès économique mondial. Pourtant, un tiers de l’humanité – 2,6 milliards de personnes – reste encore privé d’accès à internet et exclu des opportunités du monde numérique.
En tant qu’écosystème digital vibrant, Genève est le lieu parfait pour relever l’immense défi de la connectivité
Doreen Bogdan-Martin
La communauté internationale se réunit chaque jour dans cette ville pour faire avancer les questions qui nous préoccupent tous, de la santé mondiale aux droits de l’homme, en passant par le commerce, le travail, et l’innovation. La technologie sous-tend chacun de ces domaines et requiert une approche multilatérale inclusive.
Que faire? Deux initiatives lancées par l’UIT à Genève montrent la voie à suivre.
La première est notre coalition pour le numérique «Partner2Connect», qui réunit des gouvernements, des entreprises et des organisations internationales pour promouvoir une connectivité efficace, y compris dans les endroits les plus reculés du globe. Partner2Connect a déjà atteint plus de la moitié de son objectif de mobiliser 100 milliards de dollars d’ici à la fin de 2026, avec des engagements de près de 150 pays. Bien que ces investissements ne représentent qu’une fraction de ce qui est nécessaire – l’UIT estimant qu’au moins 1600 milliards seront nécessaires pour combler le fossé de l’infrastructure numérique – cette initiative prouve que nos ressources peuvent faire bouger le curseur des inégalités digitales mondiales.
Un autre exemple dont je suis particulièrement fière est Giga, l’initiative conjointe de l’UIT et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) visant à connecter toutes les écoles du monde à internet d’ici à 2030. Le nouveau Centre de connectivité Giga vient tout juste de s’installer au Campus biotech de Genève – une position privilégiée pour rallier l’écosystème innovant suisse à la mission de l’UIT.
L’UIT a du pain sur la planche pour les 160 prochaines années. Mais nous pouvons compter sur le soutien de nos 194 Etats membres et notre réseau de plus de 1000 entreprises, universités et associations, ainsi que sur la communauté suisse. Depuis Genève, siège historique de la coopération mondiale, nous ne nous contentons pas de rêver d’un monde véritablement connecté: nous le construisons ensemble.