En janvier dernier la société chinoise DeepSeek a créé la sensation en révélant au monde entier les capacités en matière d’intelligence artificielle (IA) des entreprises chinoises. La semaine dernière à Barcelone durant le Mobile World Congress (MWC, le plus grand salon mondial de la téléphonie), le producteur de mobile chinois Honor (ancienne filiale de Huawai) a dévoilé son «Alpha Plan» à hauteur de 10 milliards de dollars. Objectif affirmé: devenir un acteur majeur de l’intelligence artificielle.
Ce n’est pas la seule société chinoise à poindre son nez dans l’IA. Deux jours plus tard, le 7 mars, la start-up chinoise Monica a lancé un agent d’intelligence artificielle appelé Manus, attirant instantanément l’attention de tous. Manus est devenu viral sur internet, seulement 20 heures après son lancement. Manus «serait», selon leur dire, tout simplement le premier agent IA général au monde.
Toujours cette semaine, l’entreprise de robotique chinoise UBTech a annoncé le lancement de robots coordonnés sur des chaînes de montage. Cela pourrait ouvrir la voie à des usines entièrement autonomes.
Le paysage chinois de l’IA est au moins aussi riche que celui de l’Amérique, voire plus!
Pascal Eichenberger et Xavier Comtesse
La Chine vient de s’éveiller: en plus des majeurs de la Tech comme Baidu et son IA générative Ernie Bot, Alibaba et son modèle Qwen, Huawai et Pangu, ByteDance et Doubao, et Tencent et son Hunyuan; il y a des entreprises spécialisées comme DeepSeek, Moonshot AI, Zhipu AI, SenseTime ou encore IFlytek sans oublier les licornes telles que Yitu Technology, Paradigm, Pony.ai, Face ++ (fameux pour sa reconnaissance faciale) ou Momenta (voiture autonome) et enfin quelques entreprises diverses comme ModelBest (industrie), Ping An (finance) CloudWalk Technology (banque), MiniMax ou encore Stepfun pour les jeux vidéo. Bref, le paysage chinois est au moins aussi riche que celui de l’Amérique, voire plus!
Mais n’oublions pas qu’en général, les chinois développent d’abord pour eux avant de conquérir les marchés mondiaux (certainement à cause de la langue) et essayent de rentabiliser leurs investissements en premier en Chine avant de faire du dumping à l’export.
Ceci étant dit, la qualité suit. La Chine a beaucoup d’ingénieurs en formation (1,3 million) et les Américains beaucoup moins environ 250.000 ce qui leur permet de s’engager avec optimiste dans le futur. La Chine, comme la Suisse, aime le perfectionnement. Mais cette fois, c’est différent la Chine innove fort et attaque d’emblée le marché mondial.
Dans une perspective de guerre économique, que Donald Trump vient de lancer… la riposte chinoise ne se fera donc pas seulement sur les «tarifs» mais aussi dans des domaines pointus de la tech. Les panneaux solaires et les batteries bien sûr mais avec eux les terres rares et le silicium. Avec la voiture tout électrique, les ordinateurs et les téléphones mobiles, la 5 et 6G, les chinois sont devant en quantité et en qualité. Des entreprises américaines comme Tesla et Apple vont souffrir. Les deux nouveaux champs de bataille seront les puces et l’IA. En point de mire: Nvidia et Open AI.
La façon dont procèdent les chinois n’est plus la même depuis qu’ils sont dans le peloton de tête! Vont-ils écraser leurs concurrents américains (le titre de notre article fait référence au livre d’Alain Peyrefitte en 1973)? Et pour la Suisse: une alliance avec la Chine?