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L’histoire montre l’impact négatif des droits de douane sur l’économie

Les mesures protectionnistes adoptées par le président Herbert Hoover en 1930 ont conduit à un prolongement de la Grande Dépression qui avait débuté en 1929 et qui s’est achevé en 1939.

Après la décision du président Herbert Hoover en 1930 d’introduire des droits de douane, le reste du monde a adopté des mesures de représailles et le commerce international a chuté de 65%.
KEYSTONE
Après la décision du président Herbert Hoover en 1930 d’introduire des droits de douane, le reste du monde a adopté des mesures de représailles et le commerce international a chuté de 65%.
Marie Owens Thomsen
Iata - Economiste en chef
19 février 2025, 15h00
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Le président américain Donald Trump a annoncé des droits de douane de 25% sur toutes les importations d’acier et d’aluminium, ceci dès le 12 mars 2025. Il a également imposé des droits de douane de 10% sur tous produits importés de Chine, qui à son tour introduit des mesures en représailles. En outre, le Canada et le Mexique sont également en ligne de mire concernant de nouveaux droits de douane sur leurs exportations vers les Etats-Unis.

Quelque 81.000 personnes étaient employées dans la production d’acier aux Etats-Unis en 2024 et quelque 55.000 dans celle d’aluminium. Les multiples droits de douane imposés sur les importations d’acier depuis des décennies n’ont pas empêché l’emploi dans cette industrie de chuter de 190.000 personnes en 1988 au niveau actuel, témoignant ainsi de l’inefficacité de ces mesures pour sauvegarder durablement ces emplois.

En outre, le coût de chaque emploi dans l’industrie de l’acier qui a pu être sauvegardé est estimé à 900.000 dollars par an. Clairement, il vaut mieux protéger la personne directement que de tenter de passer par son employeur.

L’effet sur l’inflation dans son ensemble sera limité par le fait que le panier typique du consommateur américain moyen ne contient qu’un tiers de produits manufacturiers, les deux autres tiers étant des services

Marie Owens Thomsen

L’effet direct de ces droits de douane sera marginal, d’autant plus que le secteur ne représente que 1% de l’emploi manufacturier total. Les effets sur les industries qui utilisent ces métaux seront bien plus importants. Le transport, le bâtiment et la construction et l’emballage pour l’industrie alimentaire ont été les plus touchés par les mesures mises en place de 2018 à 2021. L’emballage compte pour 35% de l’utilisation d’aluminium aux Etats-Unis et l’aluminium compte pour 18% des coûts de production des boissons gazeuses et des glaces. Les prix de ces produits vont augmenter, ainsi que le prix des voitures, ce qui touchera tous les consommateurs.

L’effet sur l’inflation dans son ensemble sera limité par le fait que le panier typique du consommateur américain moyen ne contient qu’un tiers de produits manufacturiers, les deux autres tiers étant des services. L’activité économique du pays pourrait augmenter si les importations sont entièrement remplacées par la production locale, toutes choses étant égales par ailleurs. Dans ce «meilleur cas», la croissance pourrait être majorée de 0,04 point de pourcentage, selon S&P Global.

Rien n’empêche des pays souverains de faire des mauvais choix

Marie Owens Thomsen

Si les bénéfices pour les Etats-Unis des mesures annoncées sont difficiles à cerner, le risque pour l’économie mondiale est important, surtout si ces mesures enclenchent davantage de contre-mesures et une augmentation sensible et généralisée des droits de douane dans le monde. L’exemple le plus flagrant est la loi Smoot-Hawley imposée par le président Herbert Hoover en 1930. Le reste du monde a adopté des mesures de représailles et le commerce international a chuté de 65%, prolongeant et approfondissant la Grande Dépression qui avait débuté en 1929 et qui ne s’est terminée qu’en 1939.

Historiquement, le développement économique a été accéléré durant des périodes d’ouverture au commerce international. Certes, cette ouverture n’est pas en elle-même déterminante. Et le développement économique dépend également de l’investissement et de la main-d’œuvre, entre autres. Cela dit, les pays à l’économie moins ouverte sont sans aucune ambiguïté moins développés. Cependant, rien n’empêche des pays souverains de faire des mauvais choix.