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Les raisons du succès du PiBS, ce bachelor qui intègre la pratique professionnelle

Les domaines stratégiques que sont les mathématiques, l’informatique, les sciences naturelles et la technique ont trouvé un moyen de lutter contre la pénurie de personnel.

«Le modèle PiBS permet aux titulaires d’une maturité gymnasiale ou professionnelle sans expérience dans une branche apparentée d’accéder à des formations MINT tout en s’immergeant dans la réalité des entreprises.»
KEYSTONE
«Le modèle PiBS permet aux titulaires d’une maturité gymnasiale ou professionnelle sans expérience dans une branche apparentée d’accéder à des formations MINT tout en s’immergeant dans la réalité des entreprises.»
Baptiste Müller
Centre patronal - Responsable de l’action politique
19 décembre 2024, 19h00
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Face à la pénurie de personnel qualifié dans les domaines stratégiques que sont les mathématiques, l’informatique, les sciences naturelles et la technique (MINT), la Suisse est sur le point de pérenniser le projet pilote des bachelors intégrant une partie pratique (PiBS), la phase de consultation venant de se terminer.

Ce programme, introduit en 2015 au sein des Hautes Ecoles spécialisées (HES), combine une formation académique et une immersion prolongée en entreprise, avec 40% du cursus consacré à une expérience professionnelle. Il constitue une réponse concrète et efficace aux besoins des entreprises et aux attentes des étudiants en quête de compétences directement applicables. Dans le cadre du projet pilote, plus de 500 étudiants ont intégré une telle filière depuis 2015 et la demande est en augmentation.

Le modèle PiBS permet aux titulaires d’une maturité gymnasiale ou professionnelle sans expérience dans une branche apparentée d’accéder à des formations MINT tout en s’immergeant dans la réalité des entreprises. Les résultats sont probants: ces diplômés sont recherchés par les employeurs, qui apprécient leurs compétences pratiques et leur adaptabilité. La grande majorité d’entre eux restent employés dans les entreprises qui les ont formés, renforçant ainsi les partenariats stratégiques entre les HES et le secteur privé. Pour les entreprises, et notamment les PME, ce programme est un outil précieux pour recruter et former des talents selon leurs besoins spécifiques.

Pour pallier un manque de jeunes optant pour les études MINT, nous créons un système qui reproduit au niveau tertiaire le fonctionnement et les bénéfices d’une formation duale

Baptiste Müller

Il faut relever que l’utilité et l’acceptabilité du PiBS résident justement dans sa focalisation sur les filières MINT. Ces secteurs sont essentiels à la compétitivité économique de la Suisse et se prêtent bien à ce modèle de formation pratique. En effet, les métiers des sciences et technologies exigent une double maîtrise, académique et pratique, que le PiBS est particulièrement bien positionné pour offrir. Toute extension de ce programme à d’autres domaines pourrait diluer ses objectifs et risquer de déséquilibrer le système de formation existant.

Par ailleurs, si le PiBS est une réponse efficace à court terme, il met en lumière un paradoxe important. Les filières MINT peinent à trouver des étudiants principalement parce que les apprentissages dans le domaine technique, qui sont la voie naturelle pour y mener, sont insuffisamment pourvus, les jeunes se détournant malheureusement de la voie professionnelle au profit du gymnase.

L’ironie de la situation est donc frappante: pour pallier un manque de jeunes optant pour les études MINT, nous créons un système qui reproduit au niveau tertiaire le fonctionnement et les bénéfices d’une formation duale. Si cela démontre l’efficacité et la pertinence de ce modèle, cela met aussi en évidence l’urgence de revaloriser les apprentissages dès le secondaire.

Renforcer l’attrait de la formation professionnelle permettrait d’éviter de devoir systématiquement «rattraper» ce manque d’expérience pratique au niveau supérieur. Ce constat doit servir de leçon et inciter à une réflexion plus large sur l’équilibre des filières dans le système éducatif suisse.