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Les accords commerciaux profitent à la Suisse et au monde

Dans un monde divisé et conflictuel, la diversification de nos relations commerciales est indispensable. 

En 1972, la Suisse était un des membres fondateurs de l’Association européenne de libre-échange (AELE).
KEYSTONE
En 1972, la Suisse était un des membres fondateurs de l’Association européenne de libre-échange (AELE).
Pierre-Gabriel Bieri
Centre patronal - Secrétaire patronal, politique générale
17 octobre 2024, 19h00
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La Suisse a été un des membres fondateurs, il y a plus de soixante ans, de l’Association européenne de libre-échange (AELE). Depuis lors, elle a toujours misé sur le développement de son commerce international, en tissant à travers le monde, seule ou dans le cadre de l’AELE (dont font aussi partie l’Islande, la Norvège et le Liechtenstein), un réseau de plus d’une trentaine d’accords de libre-échange qui contribuent tant à sa notoriété qu’à sa prospérité.

L’actualité dans ce domaine est douce-amère. Le positif, c’est que ce réseau s’étend et se renforce. Un nouvel accord avec l’Inde a été signé ce printemps. L’accord avec la Chine, conclu de manière spectaculaire il y a dix ans, est en voie d’être élargi. Celui avec le Chili a été modernisé et des négociations sont en cours avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). L’accord avec l’Indonésie a finalement pu entrer en vigueur après la votation populaire d’il y a trois ans.

Les accords de libre-échange étaient autrefois unanimement perçus comme des atouts essentiels d’une économie helvétique largement privée de ressources naturelles

Pierre-Gabriel Bieri

Le négatif, c’est que ces accords, qui étaient autrefois unanimement perçus comme des atouts essentiels d’une économie helvétique largement privée de ressources naturelles et donc dépendante de l’étranger, mais capable d’exporter des produits à haute valeur ajoutée, se heurtent aujourd’hui à l’hostilité d’une partie de la population suisse. Sous l’influence de certains courants politiques, le libre-échange est accusé de tous les maux: affaiblissement du commerce local, explosion des transports internationaux, destruction de l’environnement et des ressources naturelles, exploitation des populations locales. Des ONG exigent que chaque accord soit assorti de garanties quant aux normes écologiques ou sociales occidentales, destinées à «faire évoluer» les pays avec lesquels nous voulons commercer.

Face à cette contestation idéologique, le conseiller fédéral Guy Parmelin a raison de défendre avec persévérance la voie du libre-échange. Il fait notamment valoir que les exportations suisses vers la Chine ont connu une croissance remarquable en une dizaine d’années, ou que, au contraire, les importations tant redoutées d’huile de palme indonésienne n’augmentent pas et se résument au volume d’un gros camion chaque année. Il souligne aussi que l’économie suisse, pour exister sur le plan international, est tributaire de relations commerciales respectant un cadre et des règles uniformes, ce qui est le but des accords de libre-échange.

Il faut surtout replacer ce thème dans le contexte actuel d’un monde divisé et conflictuel, où la diversification de nos relations commerciales est indispensable pour maintenir tout à la fois des débouchés économiques pour nos produits et les sources d’approvisionnement dont notre population a besoin. On peut en outre ajouter que le commerce, même s’il déclenche parfois des tensions voire des guerres, représente aussi souvent un facteur d’apaisement des relations internationales. En ce sens, la Suisse a aujourd’hui tout intérêt à miser sur l’universalisme de son réseau commercial, bien plus profitable à elle-même et au monde qu’un enfermement dans une idéologie décroissante ou dans un bloc militaro-politique.