Sharma Ruchir
What Went Wrong with Capitalism
Allen Lane
448 pages – 43,50 francs
La thèse de l’auteur du best-seller The Rise and Fall of Nations ne surprendra personne étant donné la longue carrière de Ruchir Sharma dans les fonds d’investissement (Morgan Stanley puis Rockefeller), mais l’argument mérite d’être entendu: trop de gouvernement tue l’économie. Très – trop, estime l’auteur – en retrait au XIXe siècle, les gouvernements se situent aujourd’hui à l’opposé du spectre. Interventionnistes et dépensiers, ils auraient ainsi favorisé le ralentissement de la croissance économique, ainsi qu’un ordre mondial dominé par les milliardaires et les monopoles. Non, il n’y a jamais eu d’âge d’or du capitalisme, assure Ruchir Sharma, ni au temps des Pères fondateurs et du visionnaire Hamilton ni en celui de Reagan et de sa révolution économique – et surtout pas à l’ère Biden, dont le gouvernement a présenté les bidenomics comme un tournant historique. Mais un autre capitalisme est possible, conclut-il, en s’appuyant sur trois exemples inattendus: la Suisse, Taïwan et… le Vietnam. (I.M.)
Duncan Mavin
Meltdown. Scandal, Sleaze, and the Collapse of Credit Suisse
Pan McMillan
352 pages – 29,90 francs
L’effondrement de Credit Suisse, institution bancaire suisse emblématique depuis 167 ans, a ébranlé non seulement le monde de la finance, mais aussi l’identité nationale de la Suisse, longtemps fière de sa réputation de stabilité (déjà mise à mal en 2008 par la crise d’UBS) et d’excellence financière. Dans Meltdown, Duncan Mavin revient sur les scandales et la mauvaise gestion qui ont précipité cette débâcle. L’auteur dévoile une culture dans laquelle les avertissements internes ont été ignorés au profit de gains à court terme, entraînant une perte de confiance fatale. Duncan Mavin explore les tensions entre les ambitions globales de la banque et ses racines suisses, tout en exposant les effets dévastateurs d’une direction instable, et d’une gouvernance insuffisante. Meltdown nous montre avec brio que négliger la transparence, la confiance et une gestion responsable peut entraîner des conséquences désastreuses, même pour les institutions considérées comme «too big to fail». (E.B.)
Jason Schreier
Play Nice. The Rise, Fall and Future of Blizzard Entertainment
John Murray
384 pages – 43,50 francs
Dans son nouvel essai, le journaliste Jason Schreier – auteur des best-sellers Press Reset et Blood, Sweat and Pixels – s’intéresse au curieux cas de Blizzard, la compagnie de jeux vidéo fondée au début des années 1990 par deux étudiants californiens rêveurs et amoureux du délassement numérique. Créateurs de titres d’ores et déjà considérés comme des classiques (Diablo, Hearthstone ou encore World of Warcraft), Allen Adham et Michael Morhaime, les développeurs de Blizzard Entertainment, se sont très vite retrouvés à la tête d’un empire comptant plusieurs milliers d’employés et pesant plusieurs milliards de dollars. Jason Schreier revient sur cette ascension fulgurante. Jusqu’à la dégringolade en 2021 et la fin du rêve, lorsque l’Etat de Californie a attaqué Blizzard pour harcèlement sexuel et discrimination, avant que la société soit reprise par Microsoft (2023), le rachat le plus coûteux de toute l’histoire du jeu vidéo… (I.M.)
Peter S. Goodman
How the World Ran Out of Everything
Harper Collins
416 pages – 36,50 francs
Peter S. Goodman dévoile les faiblesses des chaînes d’approvisionnement mondiales, révélées par la pandémie de Covid-19. Ce qui semblait magique (un clic, un colis) repose en réalité sur un système fragile, basé sur l’exploitation, la réduction des coûts et un manque de résilience. A travers le captivant périple d’un conteneur, d’une usine chinoise jusqu’à sa livraison dans le Mississippi, Goodman expose comment le modèle «juste à temps», la dérégulation et la dépendance au travail bon marché en Chine ont transformé nos chaînes d’approvisionnement en un vulnérable château de cartes. Résultat? Des pénuries, une flambée des coûts de transport, des bénéfices record pour les grandes entreprises, mais des conditions de travail de plus en plus précaires. Cet ouvrage nous pousse donc à réfléchir à l’impact de nos choix sur le commerce mondial: en tant que consommateurs, comment encourager un système plus durable? (E.B.)