Grant Bollmer, Katherine Guinness
The Influencer Factory
Stanford UP
254 pages – 41,90 francs
Ne lisez pas ce livre si vous voulez apprendre à devenir influenceur! Selon les universitaires Bollmer et Guinness, les influenceurs sont des figures représentatives de ce qu’ils appellent le «corpocène» – ou comment des individus accèdent au statut d’entrepreneurs capitalistes vivants... Ils y fabriquent une marchandise appelée «le soi», matière première que les marques peuvent de facto utiliser. Réfutant la théorie selon laquelle les économies numériques sont immatérielles, les chercheurs traquent dans le contenu des influenceurs des preuves de l’infrastructure matérielle du capitalisme. En combinant habilement la théorie des médias numériques et l’économie politique, The Influencer Factory met en exergue le travail souvent invisible des influenceurs, et leur place emblématique dans la culture médiatique comme dans la vie économique contemporaines. (F.G.)
Kara Swisher
Burn Book
Piatkus
320 pages – 29,90 francs
La journaliste Kara Swisher (New York Times, Washington Post), spécialiste d’internet, présente un narratif plein d’esprit sur l’industrie technologique et ses fondateurs qui, malgré leurs idéaux, ont fracturé le monde en voulant le rendre meilleur. Mi-mémoires, mi-histoire, Burn Book est surtout un récit sur les acteurs les plus marquants de la tech. En dépit des dégâts dont elle fait état, Kara Swisher reste pourtant optimiste quant au potentiel de la technologie à résoudre les problèmes, pas seulement à en créer. Elle appelle cependant l’industrie à faire des choix plus réfléchis, alors même qu’un nouvel ensemble d’outils d’IA surpuissants est sur le point de changer la face du monde... Voici sans doute l’inside story que nous voulions tous lire sur la Silicon Valley et sur le plus grand boom de création de richesse dans l’histoire de l’économie moderne! (L.H.)
Josie Cox
Women, Money, Power
Abrams & Chronicle
336 pages – 38,50 francs
La journaliste économique Josie Cox (The Independant, The Wall Street Journal) raconte l’histoire fascinante de femmes qui se sont battues et ont défié la norme, en se heurtant à des obstacles sociaux et politiques, pour atteindre la liberté financière et gommer les inégalités salariales. Parmi ces pionnières, qui ont affronté les mœurs et même la loi, on trouve notamment les «Rosies», ces femmes qui ont assumé les postes laissés vacants par les hommes dans les usines pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais elle explique aussi que cette lutte pour l’égalité, alors que les femmes ont dû attendre que le XXe siècle soit bien entamé pour avoir le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’accord de leur mari, est loin d’être terminée, et qu’il reste encore beaucoup de travail à accomplir... Un essai captivant et nécessaire! (S.P.)
Philipp Staab
Markets and Power in Digital Capitalism
Manchester UP
184 pages – 46,50 francs
Philipp Staab emmène les lecteurs dans un voyage stimulant à travers le monde virtuel, explorant comment les pratiques de surveillance et d’évaluation numériques ont infiltré tous les aspects de nos vies. Ce qui distingue le capitalisme numérique, affirme-t-il, c’est la montée des «marchés propriétaires»: ne se concentrant plus sur la production de biens et leur vente dans un but lucratif, les méta-plateformes d’aujourd’hui prospèrent en possédant et en contrôlant les marchés mêmes sur lesquels elles opèrent. Ce qui soulève d’importantes questions sur la dynamique du pouvoir, les monopoles de marché et l’avenir des systèmes économiques. L’analyse convaincante de Philipp Staab nous met au défi de faire face aux réalités du capitalisme de surveillance et au besoin urgent de remédier aux inégalités qu’il perpétue. (M.B.)