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La stabilité, une valeur sûre, une valeur suisse

L’histoire nous enseigne que le plus difficile n’est pas de gagner une guerre mais de construire la paix. Par Livia Moretti

«La stabilité juridique et fiscale permet aux banques de financer en confiance les entreprises suisses pour qu’elles puissent à leur tour créer de la richesse pour le pays et ses habitants.»
KEYSTONE
«La stabilité juridique et fiscale permet aux banques de financer en confiance les entreprises suisses pour qu’elles puissent à leur tour créer de la richesse pour le pays et ses habitants.»
Livia Moretti
Banque CIC (Suisse) - CEO
19 mars 2024, 19h00
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Prendre un peu de hauteur et observer d’abord ce qui se passe, mesurer ensuite les enjeux, pour enfin, essayer d’anticiper le monde d’après afin de nous y préparer: c’est ainsi que je comprends mon rôle de banquier. Parce que nous, banquiers, nous sommes au service des entreprises, des collectivités et des particuliers pour, dans l’intérêt général, les assister dans leurs projets, moteurs du développement et créateurs de richesses pour notre pays.

Dans cette philosophie des affaires, je ne privilégie pas nécessairement les rendements immédiats. En revanche, je plaide pour que nous, les banquiers du XXIe siècle, privilégiions des investissements qui ont un impact positif pour la société dans laquelle nous vivons. A nous, donc, d’en réunir les conditions de faisabilité en commençant par la principale: la stabilité.

Une qualité helvétique

En Suisse, depuis la création de la Confédération helvétique telle que nous la connaissons aujourd’hui, nous avons pu échapper à toutes les guerres qui ont ravagé tant de pays. Mieux encore, la Suisse, par son organisation politique interne, s’est révélée un pôle de stabilité exceptionnel en Europe.

Symbole de cette stabilité, notre franc dont la valeur s’apprécie chaque fois qu’un vent mauvais souffle ailleurs. Cette stabilité politique et monétaire a permis à notre pays de se hisser, discrètement comme il se doit, parmi les nations industrialisées jouissant du plus haut niveau de vie dans le monde.

C’est la stabilité de nos institutions, mais plus encore la stabilité juridique et fiscale, qui permet aux banques de financer en confiance les entreprises suisses pour qu’elles puissent, à leur tour, créer de la richesse pour le pays et ses habitants. Certains pays voisins, dont les finances publiques sont en déficit chronique, ont eu la tentation de modifier leur politique fiscale en fonction des besoins du moment. Les entreprises comme les investisseurs étrangers ont fort peu apprécié et se sont réorientés vers des pays plus stables. La stabilité, des institutions comme d’un pays, est sans doute, selon moi, le principal levier de développement économique. C’est en tout cas un des critères fondamentaux que les banques vont prendre en considération avant d’accepter un deal avec un pays ou une entreprise.

Un monde de risques

C’est la stabilité politique du continent européen qui a permis, après la Seconde Guerre mondiale, la création puis le développement remarquable de ce qui est aujourd’hui l’Union européenne (UE). Autant la stabilité peut être favorable au développement de l’économie, autant l’instabilité peut mener au pire.

Clairement, nous, banquiers et entrepreneurs suisses, nous n’aurions rien à gagner d’une déstabilisation en provenance du conflit à l’est de l’Europe, d’un embrasement du Moyen-Orient ou de l’Asie du Sud-Est, au contraire. Moins présente dans nos médias mais pire encore serait la déstabilisation des voies maritimes. Si 80% des marchandises vendues dans le monde passent par la mer, 97% du réseau internet mondial circule par des câbles de télécommunication installés au fond des océans. C’est dire que le modèle économique dans lequel nous vivons repose sur la stabilité et la sécurité de ces espaces maritimes.

L’histoire nous enseigne

L’histoire – mais qui connaît encore l’histoire – nous enseigne que le plus difficile n’est pas de gagner une guerre mais de construire la paix.

La Suisse en est un merveilleux exemple. Elle n’a jamais fait, ni donc gagné de guerre depuis 500 ans, mais elle a su gagner la paix quand il le fallait. En particulier au milieu du XIXe siècle, quand, à l’issue d’une guerre civile, une solution équilibrée a permis à la Confédération helvétique de se façonner dans le modèle que nous connaissons encore aujourd’hui.

Tous ces éléments sont à garder en mémoire à l’heure où le Conseil fédéral commence à négocier l’avenir de nos relations avec l’UE et continue de contribuer aux efforts pour ramener la paix en Ukraine.