Nous vivons toujours plus longtemps. Comme l’âge de la retraite reste inchangé, cela a pour conséquence que nous sommes également à la retraite plus longtemps. Ce qui constitue une bonne nouvelle sur le plan humain tient du défi sur le plan financier.
La réforme de la LPP (prévoyance professionnelle ou deuxième pilier) sur laquelle les Suisses se prononceront le 22 septembre permet de faire face à ce défi. Entre nécessité de consolider le financement de ce pilier central de notre système d’assurance-vieillesse, volonté de l’adapter aux nouveaux modes de travail (temps partiels, multi-activités notamment) et maintien du niveau des rentes, la proposition constitue une solution équilibrée, moderne et responsable. Elle est, parmi la centaine de pistes étudiée, celle qui permet le mieux de garantir la pérennité de l’assurance tout en répondant à sa mission d’assurer un certain niveau de vie une fois à la retraite.
Contrairement à l’AVS, qui est un système de répartition où les contributions paritaires des employés et des employeurs servent à couvrir les rentes versées aux retraités au cours du même exercice, la prévoyance professionnelle fonctionne sur un système de capitalisation. L’assuré constitue son propre avoir vieillesse, qui lui sera rendu une fois à la retraite, sous forme de capital ou de rentes. L’accès à cette assurance, qui vient en complément de l’AVS, est ouvert à partir d’un certain niveau de salaire. Le système de base prévoit en outre une perception minimale paritaire (part obligatoire), qui peut être améliorée par un plan de cotisation plus favorable à l’employé (part surobligatoire), lui assurant une meilleure couverture et une contribution patronale plus importante. Seule une faible part des salariés (soit un sur six) est assurée uniquement par le plan minimal.
Le fait est que la réforme constitue un équilibre savant entre pérennisation financière et responsabilité sociale
Stéphanie Ruegsegger
La réforme proposée agit sur plusieurs axes. Tout d’abord, elle consolide le financement du système, en abaissant le taux de conversion de la part obligatoire, aujourd’hui de 6,8%, à 6%. La part surobligatoire n’est pas touchée par la réforme. Elle baisse en outre le seuil d’entrée dans l’assurance, ouvrant ainsi cette dernière à plusieurs dizaines de milliers de travailleurs, qui ne pouvaient jusqu’alors bénéficier que de l’AVS. Cela concerne en priorité les bas revenus, les personnes à temps partiel ou encore celles ayant plusieurs activités. Dans la grande majorité, ce sont des femmes.
La réforme corrige ensuite un système de cotisation qui est aujourd’hui défavorable aux travailleurs plus âgés et qui les pénalise sur le marché de l’emploi. Enfin, elle prévoit des mesures de compensation temporaires pour la génération de transition, dans les quinze années qui suivent l’entrée en vigueur de la réforme.
Cette réforme est le fruit d’intenses et longs débats. Comme tout compromis, certains souhaiteraient qu’elle soit plus ambitieuse sur tel ou tel plan. Le fait est qu’elle constitue un équilibre savant entre pérennisation financière et responsabilité sociale. Elle permet également à cette assurance devenue obligatoire en 1985 de s’adapter aux nouveaux modes de travail. Pour que toutes et tous puissent continuer à bénéficier d’un système d’assurance-vieillesse sain et performant, il faut accepter la réforme de la LPP.