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Intelligence artificielle: conseiller le pilote dans l’avion!

La Suisse a besoin d’avis avisés de spécialistes de l’IA, et non d’une nouvelle loi pour cadrer cette nouvelle technologie. Par Florian Nemeti

«Les Etats-Unis ont annoncé la création d’un conseil »top niveau« pour orienter et appuyer le gouvernement fédéral dans sa stratégie de développement et de déploiement de l’IA.»
KEYSTONE
«Les Etats-Unis ont annoncé la création d’un conseil »top niveau« pour orienter et appuyer le gouvernement fédéral dans sa stratégie de développement et de déploiement de l’IA.»
Florian Németi
Chambre neuchâteloise du commerce et de l'Industrie - Directeur
10 mai 2024, 15h00
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Les Etats-Unis ont annoncé récemment la création d’un conseil «top niveau» pour orienter et appuyer le gouvernement fédéral dans sa stratégie de développement et de déploiement de l’intelligence artificielle (IA). Ce nouvel organe compte notamment des personnalités aussi éminentes que les patrons d’OpenAI, Microsoft, Google et Nvidia, dont les entreprises sont au cœur de l’évolution de l’IA. Face aux promesses et aux inquiétudes de cette technologie, le gouvernement américain entend ainsi veiller à la meilleure utilisation possible de cette technologie, en particulier par rapport à la sécurité nationale, à l’économie, à la recherche scientifique ou aux infrastructures clés.

Cet exemple interpelle, car si la création d’un tel outil est jugée nécessaire aux Etats-Unis – leader mondial dans le domaine de l’IA – alors elle pourrait l’être à peu près partout ailleurs! Mais bien sûr, ce n’est pas le cas. Face à l’IA, l’Union européenne par exemple, tout comme la Suisse, a plutôt tendance à prioriser la dimension législative, avant la stratégie et l’action. A charger leurs administrations de rendre des rapports touffus sur les approches réglementaires possibles, pour cadrer l’évolution de l’IA et se prémunir de ses dérives potentielles.

Légiférer est nécessaire, en particulier par rapport à la protection des données et à la transparence des processus de l’IA. Mais, cette approche est réactive et arrive souvent avec un temps de retard. Surtout, elle ne produit rien de prospectif sur le développement de l’IA. C’est insuffisant, lorsque les pays les plus susceptibles d’exploiter l’IA à des fins stratégiques sont nos concurrents commerciaux et, en partie, nos rivaux géopolitiques. Qui avancent vite dans le déploiement à large spectre de cette technologie et dont le souci premier n’est ni la bienveillance ni le respect de la conformité réglementaire!

L’objectif est d’établir au plus vite un système de veille efficace et de poser une véritable feuille de route pour le bon déploiement et la sécurisation de l’IA.

Florian Nemeti

L’évolution de l’IA s’avère très complexe et rapide. Son impact est massif et, selon les cas, potentiellement dévastateur. De ce fait, la Suisse a besoin de plus qu’un arsenal réglementaire pour rester proactive et assurer la sécurité de ses citoyens, de ses infrastructures clés et de ses piliers institutionnels et démocratiques. Et pour assurer le développement de son économie et de sa place scientifique. Un conseil stratégique de très haut niveau pour le gouvernement, sur le modèle américain, y contribuerait assurément. Même si cela n’est pas une recette miracle, personne n’est naïf. L’objectif est d’établir au plus vite un système de veille efficace et de poser une véritable feuille de route pour le bon déploiement et la sécurisation de l’IA, au sein de la société comme dans l’économie.

En termes de compétitivité internationale, la place économique suisse fait face à un nouveau défi de taille: ne pas se laisser distancer, ni mettre à mal par les avancées de l’IA. Vaste chantier de conditions cadre allant bien au-delà du juridisme! Et pour lequel – parmi d’autres mesures – les plus fines «pointures» de l’IA seraient urgemment les bienvenues pour aider le pilote dans l’avion à fixer le bon cap!