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Finances publiques: frein à main ou pied au plancher?

La rigueur fédérale a du bon, défend Philippe Miauton

«La conseillère fédérale Keller-Sutter fait le constat suivant: nous n’avons pas un problème de rentrées fiscales, nous avons un problème de dépenses. Dont acte! Cela change du »taxons davantage« brandi par certains.»
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«La conseillère fédérale Keller-Sutter fait le constat suivant: nous n’avons pas un problème de rentrées fiscales, nous avons un problème de dépenses. Dont acte! Cela change du »taxons davantage« brandi par certains.»
Philippe Miauton
Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) - Directeur
29 février 2024, 19h20
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La comparaison est saisissante! Récemment, et avec toute l’emphase qu’on reconnaît à la politique française, Bruno Le Maire, ministre chargé de l’Economie et des Finances, annonçait des «économies» de 10 milliards. Les médias ont carrément parlé de «mise à la diète de l’Etat». Ramené aux 3000 milliards d’euros de l’endettement de la France, cet «effort» paraît léger, d’autant plus à la mesure du chemin qu’il restera à parcourir le jour où le poids de cette douloureuse ne sera plus soutenable. Enfin, après ces annonces, on constate qu’il s’agit, en fait, de réduction… d’augmentation du budget. L’austérité n’est pas encore à l’ordre du jour.

Face à ce discours et à un pays qui n’a jamais connu un budget à l’équilibre depuis cinquante ans, notre ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, passerait à coup sûr pour une mère la rigueur. Et pourtant. Pendant que le président Macron se gargarisait du «quoi qu’il en coûte», la Suisse est parvenue à s’endetter pour 25 milliards durant le Covid afin de maintenir le pays à flot. Elle l’a fait avec d’autant plus de légèreté que le frein à l’endettement a maintenu nos finances dans le noir. La recette est simple: assurer une solidité financière de l’Etat, qui permet ensuite d’agir rapidement et d’amortir les crises. Il faut d’ailleurs remonter à 2005 pour retrouver des comptes de la Confédération plus rouges encore que ceux à venir.

Vue depuis le canton de Vaud, cette doxa financière de la Confédération bouscule notre vécu.

Philippe Miauton

1,5 milliard: c’est la somme que la Confédération souhaite économiser à terme. Entre dépenses et politiques publiques rabotées et coupes linéaires dans les départements – qui paraissent souvent comme arbitraires –, le plan est établi. Chacun peut désormais critiquer à sa guise selon ses préoccupations et ses sensibilités. Toutefois, c’est à ce prix que nous retrouverons, chemin faisant, la voie de la stabilité financière. La conseillère fédérale fait le constat suivant: nous n’avons pas un problème de rentrées fiscales, nous avons un problème de dépenses. Dont acte! Cela change du «taxons davantage» brandi par certains.

En 2001, près de 85% de la population approuvait l’inscription du mécanisme du frein à l’endettement dans la Constitution offrant ainsi une sérénité financière bienvenue. Ces dernières années, cette stabilité financière, en comparaison avec notre voisin français notamment, a au contraire donné des ailes aux propositions de dépenses à tout va. Parce que nous pouvons nous le permettre. Nous verrons le score de l’initiative pour une 13e rente ce dimanche, qui viendrait bousculer la fragile stabilité d’un système précieux comme l’AVS.

Vue depuis le canton de Vaud, cette doxa financière de la Confédération bouscule notre vécu. D’un côté, Lausanne la rouge qui, visiblement comme les Français, estime que, malgré sa dette et ses dépenses dans toutes les politiques, l’Etat ne peut faire faillite et doit donc continuer à ouvrir les vannes. De l’autre, l’Etat de Vaud qui, malgré la croissance de ses politiques publiques et celle de l’administration chaque année, parvient à engranger des excédents depuis une quinzaine d’années. Le tout sans juger utile de baisser sa fiscalité, ce qui serait un juste retour sur effort pour la population. A cette aune, la rigueur fédérale a du bon.