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Entre l’IA et la philanthropie, les opportunités abondent

Les fondations suisses peuvent tirer parti de l’intelligence artificielle, et influencer la façon dont elle est réglementée.

«Les donateurs qui contribuent à orienter ce processus complexe feront également connaître Genève et la Suisse en tant que plaque tournante de la réglementation de l’IA.»
KEYSTONE
«Les donateurs qui contribuent à orienter ce processus complexe feront également connaître Genève et la Suisse en tant que plaque tournante de la réglementation de l’IA.»
Milos Maricic
Altruist League - PDG
25 octobre 2024, 14h00
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Quelle est la relation entre la philanthropie et l’intelligence artificielle? A première vue, presque inexistante.

L’une est un domaine endormi qui évolue lentement et dont la mesure de l’impact pose souvent problème. L’autre est un mastodonte qui transforme les entreprises et la société, et dont l’impact est indéniable. Mais le lien est plus étroit qu’il n’y paraît.

L’intelligence artificielle au service de la philanthropie

Commençons par l’utilisation de l’IA dans la philanthropie. Cette technologie est déployée dans le secteur depuis plus d’une décennie, de différentes manières. Les ONG utilisent des modèles d’IA pour trouver les bons donateurs, prédire leur comportement et personnaliser la communication avec eux. Celles qui utilisent l’IA collectent déjà plus de fonds que leurs homologues, selon des données récentes provenant du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

Les outils d’IA ont également permis aux donateurs de suivre les résultats du travail des bénéficiaires dans le monde réel, en mesurant des paramètres tels que la croissance du soutien, l’impact sur l’opinion publique, les mentions dans les médias, etc. Cela a permis d’adopter une approche de la donation basée sur la confiance, comme en témoigne la Yield Foundation de MacKenzie Scott, qui a distribué plus de 17 milliards de dollars.

Enfin, l’IA est extrêmement utile pour l’appariement entre donateurs et bénéficiaires. Il lui est assez facile d’analyser les investissements passés d’une fondation et de les croiser avec un ensemble de données sur les organisations de la société civile ayant un impact et ayant besoin d’un financement. La machine peut instantanément sélectionner de nouveaux candidats au partenariat et les présenter à l’analyste. Un analyste seul aurait besoin de plusieurs semaines de travail.

La philanthropie au service de l’IA

Qu’en est-il dans l’autre sens? La philanthropie peut-elle faire quelque chose pour l’IA? Absolument.

La réglementation mondiale en matière d’IA se trouve à un moment délicat. Il est très difficile de concilier les différents points de vue des constructeurs de systèmes d’IA, des éthiciens, des régulateurs, de la société civile et de l’industrie. Il n’existe tout simplement pas de personnes ayant de l’expérience dans tous les domaines concernés.

La philanthropie peut tout d’abord jouer un rôle de rassembleur neutre. Par exemple, un réseau de fondations et d’instituts organise la Convention sur la confiance numérique à l’OCDE à Paris en novembre. Cet événement explorera la question cruciale de savoir comment maintenir la confiance dans les personnes et les informations à l’ère de l’IA générative.

La philanthropie peut également financer des initiatives qui soutiennent l’intérêt public. Un exemple est Algorithm Watch, une organisation qui veille à ce que les algorithmes et l’IA n’affaiblissent pas la justice, les droits de l’homme, la démocratie et la durabilité, mais les renforcent.

Les fondations suisses pourraient avoir un rôle supplémentaire à jouer. La réglementation mondiale de l’IA est une mosaïque d’organisations différentes, tant privées que publiques. Les donateurs qui contribuent à orienter ce processus complexe feront également connaître Genève et la Suisse en tant que plaque tournante de la réglementation de l’IA.

La relation entre la philanthropie et l’IA est donc très dynamique. Il est probable qu’elle devienne de plus en plus intéressante à l’avenir.

Entre l’IA et la philanthropie, les opportunités abondent

*Routledge Handbook of Artificial intelligence and philanthropy, édité par Milos Maricic et Giuseppe Ugazio, novembre 2024, 596 pages, 215 livres sterling.