Les annonces pleuvent comme des obus sur un champ de bataille. En quelques jours: le français Mistral a lancé une version mobile de son grand modèle de langage (LLM) pour tourner sur des téléphones portables; l’américain Cerebras fait tourner ses puces géantes chez Mistral et devient un concurrent sérieux de Nvidia; OpenAI met à disposition pour tous sa fonction recherche; Google perfectionne ses modèles avec un nouveau Gemini 2.0 Pro qui, désormais, raisonne comme celui publié par DeepSeek; Anthropic, qui développe Claude, présente un défi pour un LLM (Large Language Model) qu’on ne peut pas hacker; GitHub ajoute un mode «agent IA» à sa plateforme et des chercheurs de Stanford ont développé un modèle LLM appelé S1 qui raisonne pour 50 dollars à partir d’un modèle Open Source.
Autant de nouvelles pour la semaine écoulée, autant dire que 2025 sera une année d’exception pour l’intelligence artificielle (IA), les LLM et les agents IA en attendant le monde physique des robots, des machines-outils, de la voiture autonomes et des humanoïdes pour lesquels il n’existe pas encore de modèle universel. Ce monde-là reste largement à découvrir. C’est peut-être notre nouvelle frontière: le monde de la gravité.
Pour mettre un peu d’ordre dans toutes ces annonces, on peut imaginer des jalons qui sont de véritables marqueurs de l’avancement des innovations. On vous en propose trois: boîte noire, «no-code» et une nuée d’agents IA.
La fin de la boîte noire
D’abord, la question du «reasoning», le raisonnement. DeepSeek R1, à la suite d’OpenAI 01 et 03, a ouvert une voie nouvelle, celle de modèles qui réfléchissent et itèrent leur réponse afin non seulement de l’améliorer mais surtout de l’expliquer. Aujourd’hui, si vous utilisez ces outils pour développer du code, la machine va vous proposer sa manière de réfléchir au problème et documenter sa réponse tout en vous donnant des explications de comment mettre en œuvre le programme Python.
En résumé, vous voulez que la machine accomplisse une tâche. Celle-ci va vous dire comment elle va le faire et puis le fera sous forme de code. Cette avancée annonce la fin de la prétendue boîte noire des systèmes IA qui a longtemps fait débat.
La fin du code
L’autre grande percée de la semaine vient des «agents IA». Hugging Face, Copilot, OpenAI, DeepSeek offrent tous des plateformes «no-code» qui permettent à des non-informaticiens de créer des agents IA. Pour rappel, ces derniers sont des entités digitales autonomes capables de percevoir et d’agir partiellement sur leur environnement. Ils représentent la prochaine grande étape après la découverte des LLM. Les agents vont concrètement accompagner nos vies au travail et en dehors en accomplissant bon nombre de missions en arrière-plan comme tenir nos agendas avec prise de rendez-vous et organisation de voyages de manière autonome, remplir nos comptabilités et déclarations administratives y compris nos impôts; opérer des comptes rendus de toutes sortes sur l’actualité, nos activités ou celles de la concurrence; répondre automatique à nos e-mails et téléphones, etc.
A brève échéance, on aura chacun quelques dizaines d’agents IA qui travailleront avec et pour nous. Un changement de perspective dans les savoir-faire métiers.
Enfin, l’annonce d’Anthropic ouvre le chemin à l’IA pour s’occuper des hackers: désormais des nuées d’agents IA vont leur courir après et les attraper. Il était temps.