Parmi les nombreux risques auquel le monde fait face actuellement, il faut noter celui de la dette. En 2024, la somme de la dette des gouvernements, des ménages et des sociétés non-financières représentait 237% du PIB mondial, l’équivalent d’environ 250.000 milliards de dollars. Mis à part le pic à 258% en 2020 à cause de la pandémie, le niveau de dette actuelle atteint un sommet historique.
L’accumulation de dette n’est jamais uniquement négative. En général, il faut avoir de l’argent pour emprunter. Et les emprunts permettent de faire plus avec l’argent que l’on a. Ainsi, Singapour, par exemple, figure parmi les pays les plus endettés au monde, ayant un taux d’endettement du gouvernement de 173% du PIB, tout en étant un des pays les plus riches au monde. Il serait possible de mettre les Etats-Unis dans la même catégorie des pays riches et endettés à la fois. Mais avant de se dire que tout va bien, il vaut mieux examiner ce qui se passe sous le capot.
La dette du gouvernement américain s’élève à 123% du PIB en 2024, à 35.500 milliards de dollars. Les intérêts que le gouvernement américain doit payer, avec les impôts reçus, se chiffrent à 169 milliards de dollars en 2024 – une somme qui fluctue bien sûr non seulement avec le niveau d’endettement mais également au gré de l’évolution des taux d’intérêt. Cette somme représente la cinquième dépense la plus importante du budget américain. A 13% du budget, le service de la dette représente autant que la santé et se trouve juste au-dessous des dépenses liées à la défense, qui elles se situent au troisième rang derrière le programme de santé «Medicare» et la sécurité sociale.
Il serait, dans le cas de la Suisse, opportun que le pays s’endette davantage
Marie Owens Thomsen
En outre, les Etats-Unis affichent un déficit de leur compte courant équivalent à 3% du PIB, mesurant essentiellement l’excédent des importations par rapport aux exportations, ainsi qu’un déficit budgétaire de 6,3% du PIB en 2023. Singapour, en revanche, bénéficie d’un excédent de son compte courant de 18% du PIB et un excédent budgétaire 0,1% est prévu pour 2024. Comparant les deux pays, la dette de Singapour semble possible à gérer, tandis que celle des Etats-Unis semble insoutenable à long terme.
La Suisse est un cas bien particulier avec un taux d’endettement du gouvernement de 25,3% du PIB en 2024, selon l’agence de notation Fitch. Ce faible taux souligne la forte capacité de la Suisse, pays très riche, de s’endetter davantage au profit de nombreux programmes a priori bénéfiques pour le pays, y compris la lutte contre le changement climatique. Il serait, dans le cas de la Suisse, opportun que le pays s’endette davantage.
Les options disponibles pour les pays les plus endettés, tels les Etats-Unis, ainsi que la France, l’Italie, et le Japon, par exemple, (qui ont une dette gouvernementale de 111%, 135% et 250% du PIB respectivement), se limitent à soit couper les dépenses, soit augmenter les taux d’imposition. Si une telle austérité fiscale était accompagnée d’une hausse généralisée des droits de douane, la stagflation (hausse de l’inflation et baisse de la croissance) pourrait menacer l’économie mondiale en 2025.